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La nuit que Luna venait de passer était extrêmement difficile. Les cauchemars qu'elle avait fait durant la nuit, l'avaient empêché de bien dormir, si bien qu'à 4h du matin, une infirmière lui a donné un somnifère pour qu'elle dorme paisiblement. Le lendemain matin, Luna avait toujours en tête les cauchemars qu'elle avait fait, et se trouvait encore plus dans la peur que la veille. En plus, Guillaume n'était pas là, Luna demanda à ce qu'on l'appelle pour qu'il vienne au plus vite. Elle demanda aussi des nouvelles d'Aleyna mais la petite était dans un état stationnaire mais si la donneuse ne donnait pas son sang au plus vite, l'état d'Aleyna s'aggraverait rapidement et elle n'en survivrait pas.

Rachel voyait au visage de Luna qu'elle n'allait pas si bien. Elle n'avait pas eu besoin de beaucoup parler pour comprendre qu'elle était faible physiquement, mais surtout psychologiquement. Son visage était fin, et sa peau était très pâle. Ce qui fit faire soucis à Rachel et elle s'empressa par conséquent de lui donner toutes les bonnes petites choses qu'elle avait préparées et mises dans un sac.

Tu as petite mine, toi.
Tiens, prends-ça, tu reprendras des forces et ça te remontera le moral, j'en suis certaine.

Rachel souria. Elle fit ensuite le tour du lit tout en parlant, puis prit place sur un siège situé de l'autre côté du lit.

Oui, pour la petite Aleyna, j'ai été mise au courant.
Je suis un peu triste, ça se comprend. J'aurais tellement aimé que tout se passe normalement, déjà que je n'ai pas tellement eu l'habitude que ça de me rendre à la maternité pour voir les bouts de chous de mes proches... Mais bon, c'est la vie. Et ne t'inquiètes pas, je suis sure que tout s'arrangera !

La vieille dame savait néanmoins qu'elle dormirait mal la nuit suivante, trop préocuppée par ce qui se passe pour son neveu et la pauvre Luna. Elle aurait bien aimé également rester toute la journée au chevet de Luna et attendre des nouvelles de la petite, mais malheureusement c'était impossible. Rachel avait des obligations d'ordre personnel.

C'était une étrange situation, posée entre l'angoisse, l'inquiétude,et ce sentiment que rien n'était réel. Sans doute que rien n'était encore vraiment concret pour lui, et pourtant Guillaume avait conduit d'une trop vive allure dans les rues de Marseille, ses pensées toutes entières tournées vers Luna et l'enfant.Il était plongé en l'instant laissait libre cours à son imagination de dresser les pires scénarios. Pour le moment, Guillaume sentait son coeur se resserrer au même titre que son estomac se contractait sous le venin de la peur : rien n'était plus venimeux que l'attente craintive de la vérité.Guillaume se pencha pour mieux déposer un baiser sur le front de cette dernière.

Ma chérie, calme-toi,je suis là, d'accord?Tout va bien se passer... tu verras...

Luna avait beaucoup de mal à relativiser, pour elle, la situation était bien trop grave pour penser que tout finirait par bien se passer, car dans le cas contraire, elle culpabiliserait d'avoir pensé qu'il y avait de l'espoir. C'était un peu vital pour elle d'imaginer le pire, pour peut-être mieux accepter la situation, si effectivement, Aleyna n'était pas sauvée. Après tout, la donneuse ne tenait peut-être pas à sauver l'enfant, peut-être que cette donneuse n'a pas de coeur et qu'elle regrette d'avoir fait don de ses ovocytes. Avoir la sérénité que Guillaume possédait à l'instant même dans la chambre, était une chose qu'elle voudrait avoir mais c'était vraiment difficile pour elle d'être aussi calme que lui. La présence de Rachel lui faisait néanmoins du bien, elle se sentait entourée, et voir que Rachel lui avait apporté tout un tas de choses, lui fit plaisir.

Merci Rachel pour tout, mais je crois que je ne peux rien avaler malheureusement. Je suis désolée d'être aussi pessimiste mais je crois qu'il faut qu'on se prépare au pire Guillaume... Tu imagines notre état si on se met à croire que tout se passera bien et qu'au final, on n'a pas ce qu'on désirait ? Mais pourquoi faut-il qu'on subisse encore une épreuve Guillaume? Aleyna n'a pas demandé ça, elle ne demandait qu'à vivre, à sortir de mon ventre et de nous connaître enfin, même si elle nous connaissait déjà en quelque sorte, en entendant notre voix et surtout la mienne de l'intérieur de mon utérus.
Je te remercie encore d'être venue Rachel, je vous aime.

Le "vous" n'était pas un vouvoiement mais le "vous" s'adressait en fait EN PARTICULIER à Guillaume, Rudy, Rachel, Nathan et Mirta. Que voulait signifier la dernière phrase que Luna venait de dire? Que ferait-elle si Aleyna n'était pas sauvée ? Penserait-elle à la rejoindre ? Non, Luna n'avait pas le droit de penser une horrible chose, trop de monde l'aimait autour d'elle. Personne ne la laisserait s'en aller.

La vie va et vient. Elle suit son cours et nous laisse quelques embuches afin que certains n'aient pas trop de plaisirs. On voit tant d'horribles choses se produire si près de chez nous sans pour autant qu'elles nous inquiète. Accidents, séismes, tsunamis... des phénomènes plus ou moins naturels qu'on pense ne jamais vivre. Pourquoi le malheur viendrait-il frapper à notre porte ? On se croit à l'abri de tout problèmes jusqu'à ce qu'ils parviennent jusqu'à nous. Débute alors la descente dans les enfers. On a parfois beaucoup de mal à accepter une idée, qu'elle soit bonne ou mauvaise alors imaginez ce que c'est que d'apprendre une triste nouvelle qui, selon notre esprit, ne peut être vraie. Notre petite personne et les gens qui nous sont proches ne peuvent être victime d'un malheur quel qu'il soit. On se croit à l'abri, on se croit plus fort que la vie. En réalité il n'en est rien. La vie nous bat toujours et on redescend bien vite sur Terre.Le regard embué du jeune homme perdu ne cilla pas, seules sa mâchoire crispée et sa gorge déglutissant par instants trahissaient son appartenance au commun des mortels qui grouillaient autour de lui.La voix de Luna le fit sortir de sa léthargie. Le coeur tremblant au bord des lèvres et l'estomac contracté.Il avait peur que Luna fasse une bêtise si le bébé venait à ne pas y survivre.

Ne dis pas de telles choses Luna,tu es la femme la plus courageuse que je connaisse.Tu as toujours été là pour moi quand ça n'allait pas.Alors je vais faire tout mon possible pour toi,pour nous,pour nôtre enfant.Et crois-moi, si la mère donneuse ne veut pas sauver le bébé. Je ferai tout pour qu'elle change d'avis, tu peux me croire,Luna.Je t'aime, et j'aime nôtre enfant, alors il est hors de question que je ne me batte pas !

Merci mon amour. C'est important pour moi de la remercier, elle n'est pas obligée de faire ça à vrai dire mais si elle le fait, ça prouve que c'est quelqu'un d'humain.

Luna ne craignait pas que la donneuse puisse vouloir récupérer son enfant. Elle n'avait aucun droit de faire ça selon elle, même si Luna en avait douté.

Rachel se leva, remit son écharpe.

Allez, je vais vous laisser. Nathan va prendre le relais.
Encore une fois, ma Luna, ne t'inquiètes pas. Déstresses, tout ira bien. J'en suis certaine. Et pui, sois sans crainte, tu n'es pas seule, on est là, nous. Regarde tout le monde qui te rend visite !

Sourit.

Allez, bonne journée. J'essaie de revenir au plus vite. Pour l'heure, je dois passer voir Emilie Fontaine avec qui j'avais promis de l'accompagner pour les funérailles de son frère, qu'Albert avait apparemment bien connu... Mais bref, ne rentrons pas dans une autre discution !

Toujours aussi vive, elle mit son manteau, s'empressa de faire une bise à chacune des personnes présentes dans la chambre.

J'essaie de t'appeler ce soir. Je crois que Guillaume tu m'avais donné le numéro de téléphone de la chambre.
Bisous.

Elle sortit.