Pour son premier cours, Myriam faisait fort. elle qui n'avait JAMAIS été en retard, il fallait bien une première fois à tout.il faut dire que ses nouveaux collègues ne l'avaient pas aidé : tous des bavards, prêt à donner leur avis sur la classe que prenait Myriam, sur les potentiels de chacun, sur les étudiants à éviter..même sur les collègues à éviter ! Bref, Myriam ne s'en était pas sortie, et elle du attendre que chacun se décide à la lâcher pour qu'elle puisse se rendre en salle.

La visite guidée du directeur avait été rapide quelques jours plus tôt, et elle peinait à trouver sa salle.

** Mais ou est-ce qu'elle est cette fichue salle !! Bravo, pour ton premier jour tu fais fort !! ....102....103...105, à 107 ! c'est bon **

Elle s'arrêta net devant la porte de sa salle, l'angoisse la reprenait, et pourtant elle avait l'habitude de ce genre de situation. Mais là c'était différent, son rêve était en jeu, et il ne fallait pas que QUOIQUE CE SOIT vienne le pourrir.
Elle se redressa, inspira profondément, reprenant son souffle et ses esprits. Un millier de chose lui vint en tête, mais pas le temps d'y répondre...;seulement, il y avait une chose qu'elle avait oublier ces dernière semaines, c'est la situation de Jordane. Bien sûr, elle avait pensé à elle, elle avait carrément oublier que cette dernière étudiait dans une école d'arts réputé, et il n'était jamais venu à Myriam que cette école puisse être celle dans laquelle elle allait enseigné.
A mille lieu de se douter qu'elle allait une nouvelle fois se confronter à la femme qui avait chambouler toutes ses convictions, Myriam s'empara de la poignet de porte, ouvrit cette dernière et pénétra dans la grande salle.

Une mallette dans une main, une pile de documents dans l'autre qu'elle serrait contre son buste, Myriam tenta de sourire radieusement à toute l'assemblée, et fit mine de contrôler la situation. Alors qu'elle se dirigea vers ce qui allait être son nouveau bureau, Myriam ouvrit la bouche et salua sa classe :

- Bonjour à tous, et milles excuses pour le retard ! C'est pas évident de se repérer ici...

Elle ajouta pour elle-même dans un ton plus bas :

- ...et de survivre à la meute de yennes dans la salle de profs !

Elle posa ses affaire sur le bureau et allait commencer à se présenter à ses élèves, avec le sourire qu'on lui connait :

- Bien ! Euh....commençons par le commencement. Je suis Melle Holst, votre nouveau professeur d'Histoire de l'art et Arts Appliqués. Je remplace Mr Planchais pour tout un semestre, du moins....si je ne me fais pas jeter avant !

(lol avec cette histoire de cours, tu me poses une colle mdr)

Myriam déambulait devant son bureau en train de discourir sur sa manière de procédé, et tentait par la même de regarder de temps en temps l'assemblée pour essayer de mémoriser certains visage.

- J'ai remplacé votre professeur au pied levé, et je dois dire que c'est une aubaine pour moi...mais en sera-t'il de même pour vous je ne sais pas ! Mon objectif principal pour ses prochains jours est simple : ne pas vous retarder dans votre cursus ! Vous avez déjà perdu quelques semaines avec l'absence de votre professeur, c'est à moi maintenant de vous faire rattraper ce retard. Seulement voilà, je n'ai été prévenu qu'assez tard que je devais aussi vous faire cours d'histoire de l'art. Je m'étais préparer à votre programme de pratique de l'art, mais pas à la partie théorique, c'est pourquoi je vais avoir besoin de vous...

Myriam s'était arrêté net, au centre de la salle, parce qu'un regard, ou plutôt un visage avait attiré son attention. alors qu'elle pensait maîtriser réellement la situation ayant à faire à des étudiants calmes et disciplinés....voilà qu'un élément vint chambouler, une nouvelle fois, tous ses plans !

** Non mais je rêve ! ...de toutes les classes ici, il a fallu que je tombe sur celle de Jordane ??! Ohhh...et ce regard...ce regard......arrête de me regarder comme ça c'est déstabilisant ! **

Myriam passa sa langue sur ses lèvres, et tenta de cacher la gêne que l'on pouvait deviner sur son visage. Seulement maintenant, son corps l'abandonnait, ces gestes étaient moins précis, moins assurée, et elle "jouait" avec ses mains. Et sa voix...sa voix se montrait maintenant tremblante et bégayante :

- Donc...euh....comme..comme je vous le disais, je vais avoir besoin d'aide. Je ne, Je ne sais pas, ou vous en êtes avec...euh...comment il s'appelle déjà...

Et voilà, elle s'emmêlait les pinceaux, ça n'annonçait rien de bon.

- ..Mr Plancher ?!

D'un geste mal assurée, elle se gratta le front et tenta de reprendre le fil de son discours, mais plus rien ne lui venait. Cette Jordane avait le don pour la mettre dans tous ses états, et ça l'agaçait.Elle releva la tête, et affronta le regard d'autres élèves, en essayant d'oublier celui de Jordane qui continuait de la fixer et ajouta :

- Pardonnez-moi...le...le stress du premier baiser sans doute....euh JOUR ! du premier jour !!! ou ai-je la tête ?!

Myriam inspira et enchaina :

- Est-ce que quelqu'un peut me dire ici, ou vous en êtes dans le programme et ce que vous avez...étudiez ces derniers jours ?

Myriam leva les yeux au ciel lorsqu'elle vit Jordane se lever, prête à participer. C'était forcément évident...connaissant l'ambition de Jordane et son comportement provocateur, Myriam aurait du se douter qu'avec sa question ouverte, le première personne qui se manifesterait serait cette jeune étudiante.

Et elle y allait bon train ! Quoi de mieux de rappeler les traditions de l'ancien prof, pour faire comprendre à Myriam qu'elle allait devoir s'adapter. Avec un sourire forcé, Myriam lui répondit :

- Bien !...je m'en souviendrais en temps et en heure..Merci Melle. Mademoiselle euh... ??

Myriam faisait mine d'attendre un nom. Bien sûr elle connaissait le prénom de la jeune femme, mais elle n'allait tout de même le montrer aux autres étudiants, c'était déjà assez gênant comme ça !

Elle fixa longuement la jeune femme, tentant de lui faire comprendre dans osn regard, qu'elle n'appréciait pas réellement son intervention. Cependant, la jeune étudiante, après avoir donné son nom, ajouta :

Nous allions justement étudier l'abstrait, que j'aime beaucoup
et que je pratique. Vous avez sans doute des exemples à nous montrer,
n'est-ce-pas ?

** Allez, vas-y, fous moi dans la merde, je ne te dirais rien !!! T'as un culot monstre ma chère Jordane, et tu vas pas jouer longtemps avec moi ! **

Un autre sourire forcé, et Myriam laissait à nouveau Jordane prendre le contrôle de la situation...cette façon qu'elle avait de passer son pouce sur ses lèvre et d'entre-ouvrir la bouche était tout aussi provocateur que ses propos. Myriam ne se lassa pas démonter pour autant, et fit marche arrière pour regagner son bureau.

Elle resta silencieuse, s'assit calmement, et une fois installée, elle posa ses coude sur la table et joignit les mains. Son menton vint de poser sur ses mains, et tout en fixant la jeune étudiante, elle lui répondit :

- Ma foi, c'est intéressant ! Si vous aimer tant ce courant artistique, il sera peut-être d'en faire profiter vos petits camarades, non ?! Y'a t'il une œuvre abstraite dont vous voudriez nous parler ? Mettez-nous en jambes, on est toute ouïe Melle...

** Tu veux bousiller mon cours à ta façon ?...très bien, prend le contrôle de la situation, histoire que je m'amuse un peu moi aussi ! **

Cette fois-ci, c'est un sourire malicieux et emplit de provocation qui vint s'afficher sur le visage de Myriam, et d'un geste de la tête, elle incita Jordane à prendre la parole.

( Bon alors j'ai tardé à répondre, parce que j'avoue que c'est pas évident de donner l'impression de faire un cours d'art et de s'y connaître lol. Donc mes excuses si ca coïncide pas avec ce que tu attendais hein, j'ai fais de mon mieux

Myriam souriait d'amusement, mais elle ne voulait pas le laisser deviner. C'est pourquoi de temps en temps, elle tentait de garder un semblant de sérieux et écoutait la jeune étudiante qui n'avait pas hésité une seule seconde pour prendre la parole.
Elle entama une petite description sur le La Ballon Rouge de Paul Klee afin d'informer, de manière sous entendue, Myriam sur les goûts de la jeune peintre. Myriam écoutait, attentivement et attendait son tour pour parler.
Elle n'avait pas trop apprécier le fait qu'elle prenne a partie les autres étudiants...il faut dire que Myriam les avait quelques peu oublié ceux-là ! Bien trop occupé à provoquer la jeune étudiante et à lui faire savoir qu'elle ne se laisserait pas faire.

Elle allait finalement prendre la parole pour parler de Paul Klee et de sa vie, afin de mieux comprendre les intentions artistique du peintre, mais Jordane se permit une dernière provocation auquel Myriam ne s'attendait pas.

A moins que vous préféreriez que je parle d'un peintre français, comme Delacroix ?

Myriam se leva d'un bon de sa chaise et s'appuya du bout des doigts sur le plat du bureau, les bras tendus. Elle fixa Jordane et ne souriait plus...non, là, la rage reprenait le dessus : Jordane se servait de ce que Myriam avait confié au bar, pour mieux la provoquer, et la professeur trouvait ça malsain et injuste !
Elle inspira profondément, détourna le regard sur les autres élèves, qui ne comprenaient pas trop ce qu'il se passait...Ils voyaient bien que la nouvelle professeur avait l'air en colère, mais pour quelle raison ??
Myriam compris qu'elle allait se trahir toute seule, si elle se mettait maintenant à s'énerver sur Jordane...C'est pourquoi elle tenta de sourire à nouveau, avec hypocrisie et se re-concentra sur Jordane.

- Eugène Delacroix était un peintre romantique, il n'y a donc pas de raison que l'on parle de lui...La seule chose qu'il pourrait avoir en commun avec Paul Klee, c'est la mort par maladie : La tuberculose pour Delacroix, La Sclérodermie pour Paul Klee....

Myriam se dégagea alors de sa chaise et de son bureau qui l'emprisonnait et s'avança vers l'assemblée, tout en cherchant à montrer à Jordane qu'elle pouvait effectivement parler de ce peintre abstrait qu'elle appréciait tant.
C'est donc tout en marchant vers les étudiants et en montant les marches qui menait au place du haut qu'elle répondit :

- Paul Klee a commencé comme vous...à l'age de 21ans, il est entré dans une école de Beaux-Arts, en Allemagne. Il rencontre beaucoup de peintre tel que Kandinsky, Van Gogh, Cézane ou même Macke, qui deviendront tout aussi célèbre les uns que les autres...A 27ans, il met sa vie privée en priorité pour le temps d'un mariage avec une jeune pianiste. Ils auront un fils et c'est sa femme qui ramènera l'argent à la maison...Et Oui ! A cette époque déjà, certains hommes vivaient aux dépends de leurs femmes, mais on osait prétendre que les femmes n'étaient là que pour être mère au foyer. Les femmes artistes avaient apparemment un peu plus d'avance sur leur homonyme masculins sur le sujet. Enfin...parenthèse fermée, reprenons sur celui qui intéresse votre camarade, Melle Masnet : Paul Klee aime voyager, et se sert de ses excursions pour s'inspirer. beaucoup de tableaux sont les témoins de cette inspiration et de son talent, seulement le peintre n'est pas assez célèbre et ne vend pas beaucoup de toile....Quand la guerre éclate, il décide de rester à l'écart et se proclame "peintre poète". C'est également à cette époque qu'il s'inspire de l'art Abstrait. Il ne peint pas ce qu'il voit mais plutôt ce qu'il ressent...c'est le début d'une série de tableaux remplis de formes et de couleurs et on comprend l'influence du peintre sur d'autres mouvements révélateurs de ce siècle et de cette époque : Le Cubisme et L'Orphisme...

Myriam continuait de monter les marches, et s'avançait dangereusement de la place ou se trouvait Jordane. Pourquoi l'affronter jusqu'en haut ? pourquoi ne pas rester à sa place, au centre de la pièce ?? Myriam ne réfléchissait plus, elle laissait parler la provocation et enchainait son discours sur le fameux peintre, suivie du regard par la cinquantaine d'étudiants qui assistaient à tout.

- C'est d'ailleurs pour cette raison que le fameux Ballon Rouge de Klee n'est pas représentatif d'une rupture franche avec le réalisme...il est encore à cheval sur deux mouvements, et le peintre voulant absolument faire passer une émotion, un état d'esprit dans son art, ne franchit pas réellement le pas vers l'abstrait...mais, soyez-en rassurez, il se rattrapera plus tard.

Myriam était enfin arrivée devant la table de Jordane et la fixa, bien décidé à lui faire comprendre qu'elle voulait la dominer, prendre le dessus sur cette étudiante...Toujours assise, Jordane la fixait également en levant les yeux vers elle et Myriam ajouta pour conclure :

- Finalement Klee ne devient grandement célèbre qu'à l'age de 40 ans. il enseignera dans une école d'art, et cessera cet enseignement à l'age de 54ans. 3 ans plus tard, on lui connait la sclerodermie, et il meurt à 61 ans....Mais tout ca, Melle Masnet, vous le savez mieux que moi ?! N'est-ce pas ???

Le regard de Myriam en disait long sur ces intentions, et cette fois-ci elle ne voulait vraiment pas s'abaisser devant Jordane. Il fallait tenir le coup

Myriam jaugea la jeune étudiante...son sourire malicieux et son regard perçant en disait long sur ses intentions. Myriam avait poser ses mains sur les rebord de la petite table de Jordane et cette dernière en avait profiter pour établir un contact physique avec elle...Myriam baissa le regard en direction de leur main et ft une moue perplexe : Un rictus se forma sur le coin de sa lèvre, et la tête toujours baissée, Myriam leva seulement le regard vers Jordane. Elle la regarda longuement, sans un mot, et ce regard enflammée signifiait tout un tas de choses, la colère, la provocation, l'indécision, le tiraillement, l'exaspération, l'excitation...

D'un geste lent mais équivoque, Myriam retira sa main, et la laissa tomber le long de son corps. Elle redressa la tête, sans lâcher Jordane du regard. L'étudiante décida à cet instant de reprendre la parole :

Allez-vous nous faire pratiquer ? Ou le cours prendra suite sur les deux mouvements que vous venez de citer ?

Myriam pencha légèrement la tête suite à ces paroles, puis détourna enfin le regard pour observer les reste des étudiants qui n'avait pas louper une parole de leur professeur pour la retranscrire sur le feuille de cours...Son regard se repositionna sur Jordane, puis elle fit un pas en arrière pour mettre la distance entre leurs deux corps, qui semblait bien plus réactifs qu'elles sur les derniers évènements.
D'un hochement de tête, Myriam mettait fin à leur confrontation, et virevolta vers l'allée descendante de l'estrade pour reprendre sa place initiale au centre de la salle. Elle descendait les marches tout en répondant :

- Je retire ce que j'ai dit sur les points communs qui unissent Delacroix à Klee...La maladie n'était pas leur seule similitude. La Passion des sentiments et des émotions étaient un but commun à ses deux artistes....mais je vous dit cela à titre personnel, nul besoin de le réecrire sur vos cours.

Un passion commune pour les sentiments et les émotions ? n'étaient-ce pas également ce qui unissaient aujourd'hui Myriam à Jordane ??? Quoiqu'il en soit, Myriam se devait de reprendre le cours de manière plus calme, sans pour autant faire preuve d'autorité. Une fois au centre de la salle, Myriam se retourna vers ses étudiant et d'une voix assurée ajouta :

- On va passer au côté pratique ! A vous de me prouver que vous valez tout autant que ces peintres reconnus, et que vous pouvez également faire preuve de sentimentalité. Vous aller prendre votre matériel, votre inspiration et votre talents pour représenter votre état d'esprit actuel. Faites appel a vos mouvements favoris, sans pour autant oublier qu'il faut que votre œuvre s'aligne sur le courant abstrait. A la manière de Klee, mettez vous à cheval sur deux mouvements, et créer ce qui pour vous, est représentatif de votre sentiment le plus profond, de vos désirs enfouis, de ce qui vous fait vibrer aujourd'hui...Vous avez tout le reste du cours pour mettre votre projet sur pied, et me le rendre à la fin. Si vous avez des questions, n'hésitez pas je vous y répondrais dans la limite du possible....

Myriam eut un blanc afin d'observer la salle et de s'assurer que tout le monde avait assimiler ce qu'elle demandait puis enchaina, tout en regardant sa montre :

- Bien ! ...vous avez....1h15 précise pour assurer votre travail, alors ne perdez pas de temps !

Elle regagna ensuite son bureau, n'oubliant pas au passage d'adresser un dernier regard à Jordane qui semblait s'amuser de la situation...

L'alarme de fin de cours avait retentit, et un à un, les étudiants s'étaient présenté devant le bureau de la professeur pour lui rendre leurs œuvres respectives.
Elle tendait la main pour s'en emparer et jetait un oeil dessus. Sur certains projets, Myriam ne pouvait s'empêcher de sourire et de gratifier certains élèves:

- Bon travail........tout ça m'a l'air très prometteur !....joliment réalisé......

La cinquantaine d'élèves désertaient alors les lieux et Myriam commençait à ranger les projets des étudiants dans une chemise cartonnée à dessin. Elle pensait avoir tout vu, mais l'arrivée de Jordane devant son bureau avait changé la donne.

Les derniers élèves passaient la porte et les voilà bientôt seules. Myriam fit un sourire forcée à la jeune étudiante alors qu'elle prenait l'œuvre de Jordane, et ce qu'elle vit la surprit plus que de raison. Elle écarquilla les yeux et contempla le dessin de la jeune peintre, réalisant que la silhouette représentée à droite n'était autre qu'elle-même !

Elle resta silencieuse, un peu soufflée par ce qu'elle voyait lorsqu'elle entendit la voix de Jordane résonner dans ses pensées :

Comme vous pouvez le voir, j'ai peint ce que j'avais sur le cœur et ce qui me fait actuellement vibrer.

Myriam releva la tête vers la jeune femme et se devait de réagir...

- Je vois....

Elle voyait, mais ne réalisait pas complètement. Ce que Jordane tentait de lui expliquer était-ce le fait que Myriam envahissait ces pensées ? Ou voulait-elle seulement dire que la confrontation qu'elles venaient d'avoir en cours se devait d'être représenter comme un état d'esprit actuel ??...Myriam espérait penché pour la première option, mais devait-elle le faire remarquer ?
Elle affronta alors à nouveau le regard embrasé de la jeune étudiante, et lui répondit :

- ...Cependant...il ne faut pas confondre "fantasme" et "état d'esprit"...

Les choses étaient dites : Myriam venait de lui balancer qu'elle pouvait toujours espérer, les choses, les choses n'allaient pas être facile entre elles deux. Elle laissait sous-entendre également que le baiser qu'elles avaient échangé devait rester du domaine du fantasme ou du rêve inassouvie, même si quelque part, il s'était bel et bien produit.

- Merci...Je vais le mettre avec les autres. Vous aurez vos résultat demain, durant mon cours.

Myriam fait mine de vouloir garder un lien strictement éducatif entre Jordane et elle, et prenait de la distance avec la jeune femme. Il ne fallait pas laisser entendre à Jordane que leur rencontre avait pris d'importance qu'il n'en fallait, c'est pourquoi Myriam se permit de rajouter afin de mettre fin au provocation de la jeune artiste :

- Et à l'avenir, je vous prierais de garder pour vous les remarques personnelles ayant un rapport quelconque avec ce qu'il sait passé la semaine dernière. La conversation que l'on a eu sur la peinture et Delacroix, entre autres, ne doit pas être mis sur le tapis ici ! J'espère que je me fais bien comprendre ??

** Et arrête de me regarder avec ces yeux là ! C'est vraiment perturbant...Dieu qu'elle est ravissante quand elle prend cet air assuré. Rhoo Myriam, ARRÊTE ! STOP..Elle t'exaspère, rien de plus, c'est tout ce que tu dois te dire ! Point Barre ! **

Encore une fois, Myriam usait de colère et d'autorité pour faire passer le message à Jordane....cependant, elle était loin de se doute que cette rage intérieurement n'avait que pour effet d'inciter Jordane à continuer dans sa lancée.

** OH OH...Mon Dieu qu'est-ce que j'ai fais ? Elle va pas pleurer tout de même ?! **


" Comment vous pouvez être aussi sèche ? Je veux dire... mais merde Myriam ! Pourquoi ?! Comment osez-vous ? Je viens vous voir avec mon devoir, je fais l'effort d'être aimable. Et vous m'en mettez plein la tronche. Vous prenez même pas le temps de ressentir ce que j'aimerais vous dire à travers mon dessin ! Vous aviez l'air si sympathique au Mistral... mais c'est un paradoxe lorsqu'on regarde ce que vous pouvez dégager lorsque vous êtes en colère. Bien sûr, vous êtes superbe lorsque vous avez la rage... mais vous êtes si froide... "

** Ah bah si...Elle pleure...eh merde ! **

Myriam se leva de sa chaise et descendit la petite marche qui surélevait son bureau pour s'approcher de la jeune femme. Elle regrettait sa maladresse, mais elle ne pouvait pas non plus s'abaisser à donner raison à le jeune étudiante.

- Écoutez, je ne voulais pas vous mettre dans cet état...Mais avouez quand même que vous êtes obstinée ?!

Pourquoi fallait-il que Myriam n'avoue pas ses torts ?? elle cherchait tout le temps une raison à sa colère, à son comportement, pour se défendre d'un quelconque manque de compassion..Elle garda alors un visage fermé lorsque la jeune fille ferma les yeux pour laisser évacuer ses larmes.

Dieu que c'était dur de résister à la prendre dans ses bras et de lui dire qu'elle était désolée...Mais Jordane avait le don pour la mettre dans des états contradictoire et c'est ce qui l'exaspérait au fond. Elle n'avait rien contre la jeune peintre...elle en avait contre elle-même. et Jordane touchait maintenant le point sensible :

Pourquoi je m'obstine ! Parce que vous avez la prétention que j'aime voir chez une femme. Vous avez cette force et cette niak. Malheureusement, vous l'avez aussi pour vous retenir. Vous n'acceptez pas les choses telles qu'elles sont. Vous avez parfois des faiblesses qui vous trahit. Vous êtes belle lorsque vous craquez. Avouez-le vous, je vous attire. Je ne suis pas prétentieuse, je ne dis pas ça pour me la péter... Je suis fatiguée par votre résistance Myriam... Pourquoi vous ne m'avez pas appelé ? Je vous fais si peur que ça ?

Alors là, c'était trop ! Jordane revenait sur ce qu'il s'était passé, et sur les sentiment que pouvait effectivement ressentir Myriam. Seulement la jeune professeur ne pouvait pas le tolérer.

- Encore une fois vous vous permettez de donner VOTRE avis, sur MES sentiments ! Comment pouvez-vous savoir mieux que moi, ce que ressens ?! Je vais vous dire pourquoi je me montre aussi froide et sèche avec vous...tout simplement parce que vous me poussez à bout et je déteste ça ! Je ne suis pas le genre de femme qui se laisse aller avec n'importe qui, et qui se laisse attendrir par des propos dragueur qui sont là pour me faire baisser les armes ! Je ne suis pas aussi faible ! Vous croyez quoi exactement ? qu'il suffit que vous me disiez que je vous attire pour que je vous tombe dans les bras ??...Je crois que vous oublier certains détails non négligeable entre vous et moi ! Surtout aujourd'hui : Je suis votre professeur, et ce pendant un long moment. Je ne crois donc pas qu'il soit nécessaire que vous rappelle les répercussion que pourrait avoir ce simple fait, si jamais vous et moi...

Myriam allait-elle dire qu'elle avait imaginer qu'il pouvait se passer quelque chose si jamais elle n'avait pas été la professeur de Myriam. Elle se rendit compte de son erreur et se rattrapa :

- ... non mais qu'est-ce que je dis là ?! Vous voyez ce que vous me faites faire ???! ......Bon ce n'est ni le lieu ni le moment pour parler de tout ca. Vous allez être en retard à votre prochain cours, et je n'ai pas envie d'en être responsable.

Myriam prenait les réflexion de Jordane comme un coup de massue. Il était difficile d'accepter ce que la jeune étudiante avait à lui dire, et pourtant elle se devait bien d'entendre sa réponse. Elle ne pouvait tout de même admettre que la jeune femme avait raison, qu'elle devait se laisser aller plutôt que de passer son temps à fuir ?
Myriam se contenait pour ne pas craquer, et avait peur de perdre le contrôle...mais dans quelles circonstances ? Allait-elle craquer en avouant qu'effectivement, elle ressentait des choses mais qu'il était difficile de passer outre ses principes ? ou allait-elle se mettre une nouvelle fois en colère et prendre de la distance avec Jordane pour finir par l'oublier ?

Myriam ne savait plus ou elle en était et laissait Jordane lui balancer tout ce qu'elle pouvait. elle avait baisser le regard et était prête à baisser les armes, mais...Jordane eut une parole de trop.

On ne vous a pas comme ça... C'est bien pour ça que votre vie ne fut qu'échec en amour ?

A l'entente de ses mot, Myriam releva la tête d'un geste brusque rapide, et affronta Jordane, la gratifiant d'un regard encore plus colérique et plus froid que ceux qu'elle avait eu l'habitude de montrer auparavant. Comment pouvais-elle mettre ce genre de confidence sur le tapis ? comment osait-elle traduire son échec amoureux avec son problème de laisse aller ?...Myriam savait pertinemment que si aujourd'hui, elle avait du mal à tomber dans les bras des gens, ce n'était pas à cause de sa froideur, mais à cause de ce que lui avait fait subir son père pendant 18ans. Comment peut-on avoir confiance en quelqu'un quand on sait que la personne a qui on avait accordé cette confiance se montrait mielleux un instant, pour mieux nous tabasser ensuite ?
Quoiqu'il en soit, Myriam ne pouvait tolérer cette remarque et ne pouvait décemment plus contenir sa haine

D'une voix froide et perçante, elle haussa le ton et répondit :

- Comment osez-vous m'attaquer de cette façon ?! Je ne vous PERMET PAS, de juger ma façon d'aimer les gens, et je ne vous permet encore moins les réflexions sur mes échec amoureux. Vous n'avez AUCUNE idée de ce qui me pousse à agir ainsi, et quand je vois la manière dont vous utilisez mes confidences, sachez qu'à l'avenir vous n'aurez plus la possibilité d'en savoir davantage sur moi ! Vous avez dépassé les bornes.

Myriam fit alors un pas de plus vers la jeune femme. elle s'était tellement rapproché que les visages des deux femmes n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Myriam ne lâcha pas la jeune étudiante des yeux, et sa colère était toujours présente. Elle ajouta :

- Prends-moi pour une femme froide et sans cœur, je n'en ai plus rien à foutre ! Tu as eu la parole de trop, et tu vas t'en mordre les doigts crois-moi !

Myriam avait changé de comportement...Elle avait user du tutoiement, n'avais pas prit de gants pour ce qui était du langage, et avait fait preuve de menace. Elle avait été touchée, blessée, et se sentait trahie par cette jeune femme en face d'elle. Myriam était resté un instant assez proche du visage de Jordane, et continuait de la fixer avec colère, elle voulait être sûre que Jordane ait compris qu'elle avait perdu toutes ses chances. Elle recula alors d'un pas pour se retrouver à sa place initiale. Elle tenta de reprendre son calme, et dit d'une voix toute posée

- Je crois que nous nous sommes tout dit, non ?

Myriam resta plantée là...avec sa colère comme seul soutien. Elle n'eut même pas un regard pour Jordane qui quittait la pièce, bien trop déboussolée par ce que cette dernière venait de lui avouer. Cela semblait pourtant insensé. comment pouvait-on aimer une personne aussi rapidement ? comment, après tout ce que Myriam lui avait fait subir, Jordane pouvait-elle éprouver une once de sentiment à son égard ??

La porte de la salle se ferma dans un fracas qui fit légèrement sursautée la professeur, et Myriam se laissa enfin aller. elle se mit à souffler et ne savait pas si elle devait crier ou pleurer. Elle se prit la tête entre les mains...elle devait trouver des réponse à ses questions. Mais à qui pouvait-elle en parler ?... A Blaise ? Non ! son ex-mari ne se cachait pas devant Myriam de ses sentiments toujours présent à l'égard de celle qui avait été sa femme pendant un an, elle ne pouvait donc décemment pas lui dire ce qu'elle ressentait en ce moment même...elle l'aurait anéanti.
A Maïa ? non plus...leur relation amicale était encore trop récente et elle se voyait mal déballé à cette femme qu'elle éprouvait des sentiments contradictoire pour une jeune étudiante de 10ans sa cadette, et une femme par dessus le marché.

Myriam regagna son bureau et s'y assit sans grande conviction...il lui fallait de l'aide, une écoute...une oreille attentive sur un problème qui n'était pas inconnu à son ou sa confidente...Myriam se mit à réfléchir, et soudain, une idée lui vint. Céline Frémont.

Céline Frémont....c'est le seul nom qui lui vint en tête et qui pouvait correspondre à tout ce que Myriam recherchait. Cette femme avait vécu une histoire similaire : aujourd'hui elle était mère de famille et vivait depuis presque 20 mois avec une femme, l'unique femme de sa vie. Myriam avait eu l'occasion de rencontre cette directrice de BTP alors qu'elle avait convoquer pour discuter du cas de Lyla, la fille de Céline et accessoirement l'élève de Myriam. Elle avait donc appris lors de cet entretien que Céline ne vivait pas comme toutes les autres mère de famille, et qu'elle assumait plus que de raison sa relation avec une femme. Quelques jours plus tard, Myriam était venue s'excuser d'un quiproquo ressentie lors de la convocation et avait finit par découvrir la gentillesse et la Sympathie de la belle blonde ainsi que la charmante famille composée de Lyla, Céline et une certaine Virginie Mirbeau...la femme qui avait chambouler toutes les convictions de Céline.

** Il faut que j'aille la voir, il faut que je lui parle...y'a qu'elle pour m'aider à mieux comprendre ce qu'il se passe, je peux pas rester comme ça, je vais finir par péter un câble ! **

Myriam s'empara alors de son sac, et fouilla à l'intérieur à la recherche de son portable. Elle composa alors le numéro de Céline Frémont, et tomba sur sa messagerie. Elle laissa alors un simple message, mais qui laissa traduire l'urgence :

Céline, c'est Myriam....Il faut que je vous voit, j'ai quelque chose d'important à vous demander. Appelez-moi dès que vous avez ce message s'il vous plait ! c'est urgent !

Elle raccrocha ensuite son téléphone et regarda sa montre :12h15. il fallait qu'elle reprenne le chemin du lycée pour aller déjeuner et assuré ces cours de l'après-midi

[TERMINÉ]