J'avais merdé sur tout la ligne, je le savais déjà. Mais j'avais pu faire un point sur moi même et sur ma façon d'agir avec Juliette. A vrai dire le problème ne venait pas entièrement de moi mais Ju n'avait pas la bonne fiche pour me décoder. Maintenant tout était plus ou moins limpide. J'allais continuer mes séance avec mon psy, parler plus souvent aux enfants et... Essayer de recoller les morceaux.

En parlant de ça, Céline m'avait envoyé un SMS assez inquiètant. Juliette avait dans l'idée d'aller les voir au Quebec... Et peut etre y rester quelques temps. Pour moi ça sonnait rouge, il fallait que j'agisse au plus vite. Seulement voila, c'était le jour J aujourd'hui et je n'avais pas réussit a la voir depuis ces 2 derniers jours ou j'avais reçut ce message urgent.
Autant j'avais tout fait pour l'éviter au début de notre "séparation", autant maintenant c'était elle qui jouait la souris...Mon seul espoir était de la retrouver avant qu'elle ne monte dans ce fichu avion. J'avais demandé a Caro de garder Pablo, mais je savais que Gabriel était avec elle. Il serait au premier plan pour voir et raconter a son "frère". Autant dire que j'aurais aussi pu l'emmener.
Je ne savais pas comment s'était fini toute l'opération de fugue, je savais juste qu'elle l'avait retrouvé. Grâce a Céline qui me l'avait dit. Seulement... Je me sentais un peu conne parce que j'aurais du lui poser une question importante. Qu'en était il de JB?

Bon, j'avais confiance en moi et en ce qu'on avait vécu... Mais je lui avais fait du mal et elle aurait très bien pu se réfugier dans les bras de son ex. Ca me rendait jalouse, mais je ne pouvais que m'en blâmer d'avantage...
Je demandais a Cora de me déposer la. Avec la galère des taxis hors de question que j'attende des heures pour en trouver un. Si jamais elle se faisait dégager elle n'aurait qu'a refaire le tour et je l'attendrais.

Merci encore! lui dis je.

Pas de soucis ma poule, t'aurais fait la même chose pour moi me répondit elle avec un sourire, que je lui rendis.

Une fois hors de la voiture il fallait que je trouve le bon vol. Céline m'avait donné quelques indications mais pas le numéro... Ce qui me compliquait franchement la tache...

[je pose le décors je trouverais Juju au prochain ça te laisses le temps de raconter ta vie LOL]

Maintenant j'en ai la preuve, les contes de fées n'existent pas. C'est quelque chose d'imaginaire et pourtant, je pensais en vivre un avec Claire. Comment avons-nous pu en arriver là ? Cette histoire de bébé aura finalement conduit notre couple à la rupture sans compter le retour de Jean-Baptiste. Je ne sais plus quoi faire... Depuis le départ de Claire avec Pablo, je suis anéantie... Nous avons fini par retrouver Gabriel, je ne lui ai pas fait la morale, je n'avais pas la tête à ça. Retrouver mon fils m'a permis de garder contact avec la réalité car j'étais sur le point de faire n'importe quoi. Oui, de me réfugier dans l'alcool et moi qui n'ait jamais été habitué à boire trop, j'aurais pu franchir les limites... J'étais tellement mal, je ne savais plus quoi faire, surtout que Claire ne me donnait plus aucun signes de vie.

Une fois Gabriel rentré, j'ai essayé de remonter la pente mais les souffrances qui sont ancrées en moi ne peuvent pas s'effacer. Claire me manque, j'ai le cœur brisé et je ne parviens même plus à me regarder dans une glace. Ce que j'ai fait est mal et je le regrette vraiment maintenant. Ce bébé, je n'ai même plus envie de le garder mais Gabriel m'a supplié de le garder. Je l'ai fait pour lui car je sais qu'avoir un petit frère ou une petite sœur lui tient à coeur. Seulement, je ne sais pas si j'arriverais à élever cet enfant et à lui donner beaucoup d'amour... Chaque jour, je me dirais qu'à cause de lui, j'ai perdu Claire mais je n'ai pas le droit de lui imposer ça. C'est un être innocent, il n'a rien demandé... Mais je n'y peux rien. J'ai choisi de le garder mais je ne peux pas garantir que je l'élèverais moi-même. Je serais prête à accoucher sous X pour lui permettre de trouver une famille heureuse et unie afin qu'il ou elle soit adoptée... Bref, il me faudra une profonde réflexion.


Au bout de quelques jours, mes souffrances ne font qu'augmenter... Claire me manque, je ne peux plus supporter qu'elle soit partie... Je deviens folle, mes nerfs vont finir par lâcher, il faut que je fasse quelque chose. Je finis même par devenir une mère insupportable et Gabriel ne me supporte plus. Il est parti vivre chez son père mais j'ai finalement choisi de me ressaisir pour ne pas perdre son amour... j'ai déjà perdu Claire, pas question que je perde mon fils. Je me suis beaucoup confiée à ma sœur au téléphone et je crois que je vais partir là-bas quelques temps voir même m'installer pour toujours... si on se plaît là-bas avec Pablo... Ce départ le contraint à s'éloigner de son père mais il en a envie. Ma décision est irréversible, je pars ! j'ai donné ma démission à l'Education Nationale, je trouverais un autre travail au Canada, tant pis, mais l'essentiel c'est de tirer un trait sur ces atroces souffrances et d'élever Gabriel et ce futur enfant dans la joie.


Lorsque nous arrivons à l'aéroport, nous enregistrons nos bagages... Nous sommes assez chargés, deux valises chacun... Gabriel était prêt à emmener tous ces jouets mais il a fallu choisir. Je crois que je lui ai quand même permis d'amener trop de choses mais tant pis, après tout nos valises seront en soute et heureusement qu'il existe des chariots à l'aéroport pour pouvoir transporter tous nos bagages... Après l'enregistrement, nous allons acheter un sandwich et une boisson afin de manger un bout avant de partir. Nous nous dirigeons ensuite vers l'endroit de la sécurité... et nous faisons la queue durant quelques minutes. C'est à notre tour... et Gabriel me pose pleins de questions à ce sujet, intrigué. C'est la première fois qu'il prend l'avion.

Vous pourriez pas vous dépêcher?! commençais je a m'énerver vis a vis de l’hôtesse qui semblait galéré avec son ordinateur. Un peu plus et je passais de l'autre coté pour taper moi même les infos!

Je fais ce que je peux, madame! dit elle plutôt agacée. Elle semblait prendre express son temps et ça m'irritait vraiment.

Ouais bah c'est pas suffisant, sifflais je dans mes dents.Si elle m'avait entendu, elle fit mine de rien et continua de taper sur le clavier.

Finalement, elle m'annonça le numéro du vol et me désigna les lieux pour la sécurité. Si elle l'avait passé j’étais fichue, parce que je n'avais pas de billet et qu'il fallait que j'en ai au moins un pour passer ça.

Je courrais comme une dératé dans le hall et me dirigeais rapidement vers le lieu de vols. De longues files d'attente de différentes provenances étaient déja en train de se former. D'autres faisait peser leur bagages pour le mettre en soute. Je regardais l'espace cherchant une tête familière. Mais rien. J'observais particulièrement toutes les files pour le Canada. Il y en avait 4. Dont 2 qui n'était pas celui de Juliette. Un pour Quebec et un autre pour Toronto. Toujours rien.

J'escaladais ensuite 4 à 4 les marches pour me rendre a l'espace de sécurité. Le dernier endroit avant qu'elle ne rentre dans l'espace de ceux qui avaient leur billets. Et la, je la vit. Gabriel était en train de lui raconter quelque chose et elle l'observait et souriait faiblement a ses remarques. De la ou j'étais je ne savais pas ce qu'il se disait mais je ne voyais qu'une chose. Elle avait les traits tirés, semblait fatiguée... Et triste vu son regard absent et son sourire de façade. Ca me faisait mal au ventre de la voir comme ça. Parce que c'était totalement de ma faute.
Ma gorge était trop serrer pour que je dise quoi que ce soit. La voir m'avait bloqué les jambes et je restais la plantée au milieux du passage.

Y'a vraiment des gens franchement! s'exclamait une dame en me bousculant.

Je préférais ne pas relever, mais cette action m'avait réveillée. Et je me déplaçais... Seulement je me stoppais a nouveau. Pas devant Gabriel.

Juliette! Criais je. Tout le monde s'était retourné vers moi... Évidemment.

Merde merde merde! M'exclamais je entre mes dents. Pas la peine d'aller essayer de passer les portes de sécurité, je savais que j'allais me faire refouler. On était pas au cinéma, mais dans la vraie vie!

Et puis, elle ne s'était même pas retournée. Autant dire que si je frappais sur les plaque vitrée ça ne servirait a rien si ce n'est me faire virer par la sécurité. Je me mis a faire marche arrière pour aller trouver un billet et passer ces fichues portes de sécurité. L'avion ne décollait pas avant 1 heure, j'avais le temps...

Je revenais vers le desk et la femme se rembrunit en me voyant.

Un billet pour n'importe ou... Et pas cher! m'empressais je d'ajouter. On sait jamais elle pourrait très bien me faire chier sur ça et je n'étais pas Crésus non plus.

J'ai un billet pour Cluj Napoca a 116 €, il part fans 2 heures...

C'est parfait prenez moi ce truc la. Je ne savais pas ou c'était mais franchement tant pis...

Il faut passez a la borne et payer par carte.

Sérieusement? Elle me regardait fixement. Putain! Soupirais je en m'éloignant sans lui dire merci. Et puis quoi? J'allais pas la remercier d'aller perdre mon temps ailleurs alors qu'elle aurait pu me le faire en m'encaisser!

Je sortis mon porte monnaie et in-serrais la carte. L'impression du billet prit une éternité... Et, bien sur, j'avais du appeler une hotesse pour cause de "bug de merde". Tout ça commençait a m'agacer sérieusement!

Une fois le billet en main je courru a nouveau vers les portes de sécurité. Il y avait la queue... Heureusement, les gens semblaient etre coopératif et certains me laissait passer. Une fois devant la femme je lui tendais le billet et ma carte d'identitée. Merde... J'avais pas mon passeport.

Vous allez faire quoi a Cluj Napoca? Me demanda la femme étonnée de voir que je n'avais aucun baggage avec moi.

Rien, a vrai dire, je ne sais même pas ou c'est. Il faut juste que je passe les portes de sécurité... La femme de ma vie est de l'autre coté et j'avais besoin d'un billet pour passer ces fichues portes.

Bon courage! Elle me sourit et me tendis le tout. Oh, et Cluj Napoca c'est en Roumanie! me dit elle alors que je m'éloignais direction les scans.

J'entendais vaguement un homme répondre "elle a de la chance", mais je n'avais pas le temps de discuter. Une fois au rayons X il fallait faire a nouveau la queue. J'avais perdu plus de 30 minutes déjà et c'était avec agacement que je me plaçais derrière une file.

S'il vous plait, je n'ai pas de bagage ça ne vous dérange pas que je passe devant? J'en aurais pas pour longtemps.

Avec de la chance, ce bla bla me fit passer vite fait et je n'émis aucuns sons. Une fois de l'autre coté, j'observais le hall avec appréhension. Tout ce que je venais de faire n'était rien. Non. En fait je ne savais pas a quoi m'attendre.

Et la, je la vis. Elle était assise a coté de son fils. Elle semblait en avoir un peu marre, Gabriel savait très bien noyer les gens avec ses récits. Alors, je décidais de faire la méthode douce. Je marchais d'un pas tranquille vers eux. Gabriel trop occupé dans son réçit ne me vis même pas. Juliette qui était de profil et fermait les yeux ne pouvait pas me voir. Je vins m'assoir a ses cotés l'air de rien. J'entendais Gabriel s'arreter dans sa phrase et me fixé. Je lui souris. Le silence fit que Juliette rouvrit les yeux.

Eh bah... C'est pas très simple de te trouver en ce moment. Dis je avec un sourire.

Je savais que j'allais m'en prendre probablement plein la tronche... Autant détendre l'atmosphère des le début...

Outch. Bon bah ça, c'était mérité... J'avoue. Je lui avais fait mal en me coupant d'elle comme ça, je le savais parce que ça m'avait fait la même chose. J'avais donné le change pour mon fils et mes amies... Même Caro ne semblait pas vraiment savoir a quel point ça me bouffait.

Seul mon psy supportait ma séance de pleur quotidienne et mes questionnements ou je me demandais si je devais l’appeler, si je devais la voir. Et ou je me résignais parce que je n'étais pas "guérie". J'avais fait une séance par semaine. C'était peut être trop mais j'avais envier d'avancer et de pouvoir être prête pour Juliette. Seulement voila, elle partait et ça chamboulait tous mes plans parce que je n'avais pas fini de faire ce travail sur moi.

Elle me montrait a présent physiquement que je n'étais pas la bienvenue. Bon... Seul Gaby me sautait dans les bras en m'inondant de question. Je lui souris et commençais a répondre a certaines... Seulement je vois bien que Juliette est contrariée que son fils soit la, avec elle. Puisqu'il y aura une discussion. C'est inévitable et elle le sait. Je n'ai pas fait tout ça pour aller a je sais pas ou dans le fin fond de la Roumanie...

Gaby fait la gueule et retourne s'assoir sur son siège. Je m'excuse vite fait et lui promet de venir écouter ce dont il voulait me parler tout a l'heure. C'est fou comme nos relation ont bien changé avec les enfants...

Juliette se lève et je la suis, nous éloignant ainsi légèrement de Gabriel, mais pas trop non plus. Vu sa fugue Juliette est encore méfiante, je la comprends.

Je suis désolée et je sais que ça n'excusera rien, m'empressais je d'ajouter.

Bon, maintenant comment faire? Parce que c'était clairement a moi de faire les premiers pas.

Je voulais qu'on s'éloigne pour notre propre bien... Parce que j'étais clairement atteinte. Je veux dire, tu nous a vus? On était constamment en train de se hurler dessus! Je ne voulais pas qu'on continue dans cette voie et j'ai cru que s'éloigner nous permettrais... Non, je n'étais pas juste je l'avais décidé moi même pour son bien. Me permettrais de pouvoir comprendre pourquoi j'étais constamment sur la défensive avec toi.

Ce qui n'étais pas faux. Et c'était la raison que je lui avais donné.

Et je commence a comprendre pourquoi je suis si désagréable ses derniers temps... Je marquais une courte pause, fixant les gens autour de nous. La posture droite de Juliette et ma façon de hausser quelques fois la voix parce que nos derniers moments de crise ensemble me rendait dingue n'avait pas échappé a certains. Je n'avais pas envie de me donner en spectacle. Surtout pas devant Gaby.

J'aurais tout accepté pour toi Juliette. C'est ce que j'ai fait parce que j'avais peur de te perdre... C'était très clair dans mon esprit a présent, cette raison était tout a fait logique. Je sais que tu m'aim... M'aimais... Et il n'y avait aucun doute la dessus... Ça me faisait mal de le mettre au passé, mais je ne savais pas ce qu'il en était du présent. Je vois un psy. Je sais, c'est con et il n'y a pas vraiment de rapports... Et en fait si. Bref, j'ai compris que j'avais agit comme une conne que j'aurais du trouver un autre arrangement que cette espèce de séparation brutale. Parce que c'était invivable pour tout le monde. Ne crois pas que je sois partie parce que je ne t'aimais plus ou je ne sais quoi... J'avais tellement envie de la prendre dans mes bras maintenant... Seulement c'était compliqué parce qu'un refus m'aurais probablement détruite. Sur le moment j'ai cru que ne plus etre a tes cotés physiquement pouvait m'aider, mais ça a été pire et... Et personne n'a vraiment su ce que je vivais. Je commençais a parler plus doucement, comme un murmure. Personne sauf toi probablement.

Je soupire, je n'allais pas commencer par un mensonge... Et apres tout Céline ne m'avait jamais empêcher de ne pas le lui dire.

C'est Céline. J'ai envie de lui dire qu'elle a eu raison. Que s'il reste une toute petite chance pour qu'elle me pardonne je la prendrais d'office. Que si il faut que j'attende, j'attendrais. Que... Que je serais toujours et a jamais a elle.

Mais... Je reste la a l'écouter, je n'ose pas non plus la couper parce que je sais qu'il faut qu'elle me parle. Que je comprenne. Et de toute façon il m'est difficile de rassembler mes idées et d’être clair.

S'il te plait, murmurais je les larmes aux yeux. Je suis... Je soufflais, essayant de ne pas me laisser submerger par mes émotions. Je suis tellement désolée... J'ai merdé, j'ai eu tout faux et je m'excuserais toute la vie s'il faut. Mais ne me laisses pas.

C'est stupide. Et vu la situation elle me laissera probablement sur le bord de la route. Je ne veux pas la perdre. Je ne peux pas.

Je... Je suis en train de mourir de l’intérieur sans toi... Je suis désolée si ça fait cliché mais... Je t'aime et je n'arrive simplement pas a te le montrer correctement. J'ai peur, parce que... Je n'ai aucune confiance en moi et... Je préfère tout faire foiré plutôt que d’être complètement dépendante mais... Mais je t'aime a en crevé et... S'il te plait ne part pas. Je ne... C'était trop tard, mes larmes coulaient et je reniflais bruyamment. Fixant le sol je décidais de lui dire tout ce que je ressentais pour elle. C'est stupide de faire partir les gens de leur plein gré alors qu'on les aime... Mais je ne sais pas comment faire parce que je n'avais jamais vécu ça avant. Y'a qu'a voir comment je t'ai dit que je t'aimais la première fois. J'ai toujours été... Différente. Et je n'ai jamais accepté ça.

J'étais mal a l'aise parce que ce n'était pas quelque chose dont j'avais vraiment réussit a surpasser. Même si j'avais l'air de bien vivre mon couple avec une femme je n'étais pas vraiment "sortie du placard". C'était un peu étrange mais c'était comme ça.

Je suis tellement désolée soufflais je en essuyant mes larmes d'un revers de manche. J'étais pathétique de me donner en spectacle mais ce n'était pas quelque chose que je pouvais dire avec le sourire. Parce que ça me faisait mal au bide. Vraiment.

Lorsque Claire m'apprend que c'est Céline qui l'a mise au courant de mon départ, comment dire, que je me sens soudainement trahie par ma propre sœur. Comment elle a pu faire ça alors qu'elle m'a juré de ne rien dire à Claire ?

Pourquoi elle a fait ça ? J'avais confiance en elle... Je ne lui pardonnerais jamais...

J'écoute Claire me présenter ses excuses, avec les larmes aux yeux mais elle croit quoi ? Qu'elle va réussir à m'attendrir ainsi ? Je ne suis pas du genre à être rancunière mais dans notre situation actuelle, je ne vois pas comment faire autrement... Je ne peux pas tomber dans ses bras et faire comme si de rien était car le problème pour moi, ce ne sont pas ses crises de jalousie incessantes ou mon mensonge à propos du bébé, mais de sa fuite... Elle m'a laissé tomber comme une vieille chaussette et je devrais lui dire qu'on oublie tout et qu'on recommence ? Je ne peux pas, pourtant j'aimerais lui dire le contraire...

Je ne comprends pas comment nous avons pu en arriver là mais je crois que cette histoire de grossesse était une erreur... Nous serions peut-être encore ensemble et j'aurais dû continué à être intraitable avec Jean-Baptiste. Enfin je ne sais pas, cela t'aurait évité de me faire ces scènes de jalousie stupides... Tu n'as pas confiance en moi, en notre amour, alors ne viens pas dire que tu meurs à petits feux sans moi... Tu n'es pas sincère...

Tu ne veux pas que je parte, mais à quoi ça servirait ? Notre histoire ne peut plus reprendre, quelque chose c'est cassé et plus rien ne sera jamais comme avant...

Pourtant, j'ai qu'une envie, c'est de sauter dans ses bras, de l'embrasser... Mais je n'arrive pas à ne pas lui en vouloir. Je décide d'aller un peu plus loin pour lui faire comprendre à quel point j'ai mal...

Il est trop tard...

Je touche mon ventre.

Il n'y a plus de bébé... J'ai fait une IVG Claire, ce bébé sans toi... la vie sans toi.. ne rimait plus à rien pour moi.
En réalité, non, je suis toujours enceinte, mais je veux juste la faire réagir, et voir sa réaction. Cela me touche quand même qu'elle soit venue pour m'empêcher de partir...

Je me sens un peu mal pour Céline parce qu'elle m'avait dit qu'il n'y avait pas de problèmes... Cela dit, Juliette était en colère après moi et je doutais qu'elle retombe facilement. Céline en ferait peut etre les frais. J'en étais désolée pour elle.

Je ne sais pas si ça aurait changé grand chose... Le problème était quand même moi et il ne venait pas de toi. Je n'arrive pas a assumer mes choix alors que je sais pertinemment que tu es la bonne. C'est comme si je voulais me faire du mal... Malheureusement tu en paies aussi les conséquences... Je sais que tu m'aimes je n'ai jamais douté de toi. C'est de moi que je doute.

J'avais essayer de former des phrases cohérente, de ne pas me lamenter ni pleurer comme une débile. Ca avait plus ou moins marché. A présent je reniflais, sachant que tout était pratiquement perdu. Je l'avais perdu et c'était totalement de ma faute. J'étais stupide. Et 10 ans de thérapie me prouverait que j'avais raison. A vrai dire, il suffirait juste d'une séance pour etre fixé.

Que... Quoi?! Soufflais je complètement sous le choc.

J'étais tellement persuadée qu'elle m'avait dit des mensonges concernant son IVG que pour moi il était clair qu'elle ne l'avait pas fait. Je m'étais trompée sur toute la ligne. Je la regardais ébahie... Le choc était trop grand pour que je puisse réagir a la minute.

T'as pas... T'as pas fait ça? Mais pourquoi t'as fait ça?! M'exclamais je complètement déstabilisée par ce revirement de situation.

Elle voulait absolument un enfant. Je pensais qu'elle allait le garder, qu'elle l'élèverait avec ou sans mon aide. Parce qu'elle avait toujours été plus maternel que je ne l'avais été. J'aime mon fils, mais je ne suis pas le genre de mère a couver son enfant ou a le couvrir de bisous.

Mon Dieu... Soupirais je en secouant la tête.

J'étais probablement la dernière a vouloir cet enfant. Mais je l'avais gardé parce que pour l'instant je ne savais pas quoi faire. Mais tout ça avait fini par me chamboulé. Qu'allais je faire? Il était hors de question de faire une IVG, d'ailleurs en me souvenant de mon amie, je fixais Juliette. Ça n'avait pas du être facile a vivre. Et elle l'avait fait seule... Je n'osais imaginer ce qu'elle avait du vivre et je comprenais mieux, a présent, son abattement.

Juliette jouait les montagnes russes avec moi et j'étais trop sous le choc pour être en colère. Qui plus est, si elle se calmait c'était aussi bon pour moi. Je fermais les yeux quelques secondes pour reprendre contenance.

Pourquoi tu me dis ça Juliette? Demandais je d'une voix calme. Je n'étais pas fâchée qu'elle m'ait menti. Juste blessée qu'elle veuille me faire du mal.

Arriverais je a la faire changer d'avis? Je n'avais pas été très sure... Mais le fait qu'elle soit toujours enceinte prouvait peut etre qu'elle voulait toujours, comme moi, qu'on soit une famille.
Si j'avais gardé le bébé c'était parce que, pour moi, après ces disputes nous finirions par nous entendre et reprendre notre vie d'avant.

Sans attendre de véritable réponse, puisqu'elle ne semblait pas vraiment en avoir j'enchainais.

Je sais... Enfin, j'essaye. C'est pour ça que je vois un psy. Je voulais tout résoudre avant de revenir vers toi. Nos problèmes vienne de moi et je ne voulais pas tout gâcher, surtout après avoir appris que nous allions fonder une plus grande famille que prévu.

Sur le coup j'avais été en colère, mais elle s'était estompée au fil des jours et je ne lui en voulais plus vraiment de m'avoir menti sur sa situation. Ce que je voulais c'était avancer, même si c'était avec 2 bébés. Même si j'allais retomber dans la grossesse alors que je ne l'avais pas prévue.

S'il te plait Juliette, ne pars pas. Je le dirais une troisième fois s'il faut. Sait on jamais... Je sais que tout n'est pas résolu mais ce n'est pas en t'éloigner que nous irions mieux. Je n'arrive pas a vivre sans toi, et c'est a mes dépends que je l'ai appris... Alors, si tu m'aimes encore un peu... Restes. S'il te plait.

Voir Juliette pleurer me fend le cœur. Je ne pensais pas qu'elle changerait si rapidement d'avis, mais c'est une bonne chose pour nous et notre famille. Et puis, ça prouve qu'elle m'aime encore un peu. Je sais, avec ce qu'il s'était passé et sa réaction c'était plutôt mal partit mais... Comme quoi, il est bon de garder espoir!

Je la vois rester planté la, elle n'ose pas et j'essaye de ne pas sourire. Si elle savait comme je me faisais violence pour ne pas me jeter dans ses bras! J'avais peur de le faire, mais a présent je sais qu'elle ne me repoussera pas. Surtout avec ce qu'elle vient de me dire.

Un sourire illumine mon visage et, sans réfléchir je l'enlace. Je ferme les yeux, savourant le contact. Et il ne me faut pas longtemps avant de répondre.

Je te pardonne tout ce que tu veux, si tu le fais aussi... dis je avec un grand sourire. Je n'aurais jamais du te laisser... Soufflais je.

Si seulement je n'avais pas pris un billet pour ce stupide pays! Je serais partie avec elle sur le champs! Mais je me fustige en me rappelant que Gabriel est tout seul assis a nous regardé. Pablo est resté chez Caroline, je ne pouvais pas le laisser la bas tout seul avec sa tante qu'il ne connait que depuis quelques jours. Et je ne pouvais pas imposer ça non plus a Caro.

Quelle mère serais je si je partais sans rien dire et qu'une fois arrivée je téléphonais pour annoncer la nouvelle? Je m'éloignais a contre cœur pour la regarder dans les yeux. J'avais une furieuse envie de l'embrasser maintenant.

J'adorerais partir tout de suite avec toi... Mais Pablo... Et puis j'ai pas mal d'affaires a récupéré avant. On risque de me regarder bizarrement si je débarque sans baggages tu crois pas?

Je crois que ce jour-là je ne suis pas prêt de l'oublier, ce que nous sommes en train de vivre avec Claire relève du miracle. J'ai si longtemps espéré que tout rentre dans l'ordre mais finalement je remercie du fond du cœur ma sœur de lui avoir annoncé que je partais... La retrouver est si merveilleux que je n'ai pas les mots pour exprimer ce que je ressens là maintenant.

Tu es la femme de ma vie Claire, jamais, je n'aurais pu t'oublier... je suis encore désolée de ce que j'ai fait mais nous allons être heureuses tous les 6 je te le promets...

Je serre très fort Claire dans mes bras puis je l'embrasse tendrement.

Je comprends qu'elle ne puisse pas partir maintenant comme une voleuse et je ne veux pas qu'elle abandonne son fils. Il va falloir que je fasse un compromis de ma part, que je repousse mon départ...

Ecoute, je vais retarder mon départ, Gabriel ne va rien comprendre mais je pense qu'il sera heureux de vous retrouver toi et Pablo. J'espère juste réussir à me faire rembourser mes billets. L'idiote que je suis n'a pas pris l'assurance annulation. Il faut préparer convenablement notre départ, je t'avoue que je partais sans avoir bien réfléchi à ce que j'allais faire là-bas, à part squatter chez ma sœur et Virginie. Je crois que ça serait plus raisonnable de chercher une maison, que je trouve un emploi là-bas mais ça sera plus simple en fait d'être sur place, nous verrons ça là-bas. Il faudra que Céline et Virginie nous héberge. En attendant, je me sens mal parce que j'ai démissionné et je ne veux pas vivre à tes crochets.

Ça me fait bizarre d'imaginer que bientôt nous seront six. C'est énorme et pourtant... Ce n'est simplement qu'un "plus deux" qui se rajoute. Je n'ai pas vraiment le temps de réagir, ni même de dire quoi que ce soit que ses lèvres se posent sur les miennes. Je reprends vite mes esprits, ayant attendu ce moment avec impatience, pour prendre part a ce baiser. Mais, hélas, il est rapidement écourté car... Nous ne sommes pas seules. Pire, nous sommes dans un lieu public avec Gabriel qui nous regarde. Je donnerais n'importe quoi pour partir de la et être seule avec Juliette, mais... Enfin rien n'est complètement impossible, juste qu'il faut attendre encore un peu.

Ne t'inquiètes pas pour ça, de toute façon si nous partons tous les quatre il va bien falloir que je quitte mon poste aussi... Dis avec un sourire en coin. Et puis, on doit aussi faire pas mal de papier et vendre nos meubles... On peux se donner les vacances pour faire tout ça non? J'avais déjà préparé des déménagements. Enfin, un seul. Celui pour venir a Marseille il y a quelques années. Sauf qu'a l'époque Pablo était bébé et que je n'avais pas grand choses a transporter, vu que je vivais chez quelqu'un.

Je reste un peu a l'écart le temps que Juliette retourne voir Gabriel pour lui expliquer. J'ai comme l'impression que ça ne va pas etre de la tarte...

Je déchante assez vite de mon petit nuage. Voila que nous ne partons pas vraiment seule la bas, JB viens aussi. Je mentirais si je disais que j'étais contente et Juliette le sait. Mais je dois prendre sur moi, au moins pour ça. Je ne peux pas laisser ma jalousie prendre le dessus et venir tout fiche par terre.

Après, si il est vraiment la pour aider et nous faire avancer notre départ, je ne vais pas faire la fine bouche. Surtout si il vient avec sa copine, que je verrais enfin et qui pourra prendre forme dans mon esprit. Je crois que c'est surtout ça qui va m'aider, parce que pour moi il est juste "JB avec une fille", tant que je l'ai pas vu j'ai du mal a y croire.

Il faudra surtout prévenir Céline et Virginie qu'on vient s'ajouter au planning. Céline était peut être d'accord pour t'héberger toi et Gaby, mais la on parle de 2 autres personnes en plus... Sans compter les bébés. Je sais qu'elle attends surtout mon avis a propos de JB, mais que dire de toute façon? Elle a raison, avec les bébés qui grandissent et les loustiques a la maison, un délais de deux mois va etre carrément une course contre la montre. Même si je ne le porte pas dans mon cœur, on va avoir besoin de lui.

Et pour JB t'as raison, même si ça me fait mal de l'admettre... On va avoir besoin de bras et aussi de personnes qui pourrons gérer tout ça si nous n'avons pas le temps de trouver des acheteurs avant la date limite. Nous nous approchons de Gaby pour lui expliquer la situation. Bien entendu, il rale parce qu'il avait hate de retrouver son cousin, mais lorsqu'il comprend que ce n'est que partie remise, nous partons rapidement des lieux. Enfin, jusqu’à l'accueil, histoire de voir si le billet est remboursable. Encore quelque chose qui risque de prendre son temps... Mais heureusement, j'ai tout le mien a présent.