Et tu penses quoi de Hugo? C'est pas très moche, c'est assez récent non? Lui demande Céline en feuilletant un livre de prénom.

Hugo? Comme dans Victor Hugo? Laisse tomber, il va se faire charrier a l'école. On a dit pas de prénoms dans ce gout la tu t'en souviens? Lui dit Virginie en relevant les yeux vers Céline. Cette dernière était allongée dans le canapé du jardin, le coude contre le dossier et la main dans les cheveux. De son autre main elle parcourait ce maudit bouquin de prénoms, pour le moment la faible liste retenu faisait peine a voir. Elles avaient commencé par internet mais les prénoms étaient encore plus étranges et trop peu commun.

Virginie était tout aussi vautrée dans le canapé d'angle du jardin et appréciait grandement la vue. Céline se mettait rarement dans ce genre de position détendue. C'était agréable pour la cheffe de chantier de la voir complètement elle même. Certes, elle avait toujours sa chemise et sa jupe cintrée,ce qui rendait l'image encore plus alléchante pour Virginie qui n'avait qu'une envie, c'était de se lever pour venir lui déboutonner cette chemise bien trop serrée a son goût.

Virginie se mordillait la lèvres, des pensées très peu chastes traversait son esprit. Céline était tellement loin de tout ça qu'elle continuait tranquillement a tourner les pages du livre.

Jonathan? Demanda Céline, loin de s'imaginer ce qu'il se passait dans l'esprit de la brune. La blonde fit une petite grimace juste après sa question et Virginie fit un léger rire en la voyant. Céline tourna a nouveau la page sans la regarder. Quoi?

Pourquoi tu proposes si il ne te branche pas tant que ça?

Comment...? Demanda Céline en fronçant les sourcils relevant les yeux vers elle.

Tu n'as absolument aucune idée de l'effet que tu me fais, tes cheveux détachés ta chemise a moitié boutonnée... Virginie se mordillait la lèvres inférieur. C'est simple, si Léa n'était pas dans les parages...

Virginie... Souffla Céline. Elle lui jeta un regard, mais Virginie savait très bien que sa phrase n'est pas tombée dans l’oreille d'une sourde. Elles étaient a présent sur la même longueur d'ondes. Le moment silencieux fut interrompu par la sonnette de l'entrée. Céline se leva d'un bond comme si quelque chose l'avait brûlé et s'exclama. J'y vais!

Virginie la regarda se réajuster ses affaires et se mit a pouffer. Typiquement le genre de Céline. La fuite pour éviter d’être totalement dévorée par le désir. La cheffe de chantier ne pouvait pas l'en blâmer, elle était elle même dans le même état.

Virginie feuilleta a nouveau son magasine, sans grand intérêt. Son esprit était bien loin de ces lignes insipide sur le réchauffement climatique. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait ouvert ce truc. Céline entra a nouveau dans le jardin et son air légèrement tourmenté ne lui manqua pas. Virginie aperçu rapidement la femme derrière elle. Elle s'installa mieux sur le canapé pour éviter de paraître vautrée et mal polie.

C'est pour toi. Dit simplement Céline. Je vais vous laisser. Puis elle disparu aussi vite qu'elle était entrée.

Virginie était, du coup, légèrement sur la défensive. Cette femme avait interrompu un charmant moment, mais elle avait quelque chose a lui dire, et Virginie n'avait absolument aucune idée de quoi il s'agissait. Elle invita donc l'autre femme de s’asseoir.

Vous êtes? demanda la cheffe de chantier qui n'avait absolument aucune idées de qui était cette femme. Céline, troublée, en avait oublié de la lui présenter.

Je suis profondément émue de revoir ma fille pour la première fois depuis tant d'années. Elle est devenue si belle me dis-je dans ma tête. Je réalise tout ce que j'ai perdu en l'abandonnant et rien ne pourra hélas rattraper les années perdues. Mon regard ne peut quitter celui de Virginie. Ma fille se trouve en face de moi, j'ai l'impression que cette situation est surréaliste. Je savais qu'en revenant à Marseille, je finirais par la revoir, pourtant j'avais fini par me dire que ni Roméo ni elle n'apprendrait la vérité. J'ai probablement perdu l'amour de Roméo à jamais mais je ne sais pas du tout comment Virginie va réagir. Elle me demande qui je suis, que puis-je lui répondre à ça ? Pourtant il n'y a pas dix solutions de dire la vérité mais je ne peux pas... Je ne peux pas lui annoncer de but en blanc, Virginie je suis votre mère. Il faut que je trouve une parade avant d'amener le sujet... Je crois qu'il va falloir commencer par quelques banalités.

Je suis désolée, de vous interrompre, vous étiez peut-être occupée. Je... à vrai dire, nous avons une connaissance commune. J'étais avec le père de votre compagne, alors ma visite ici peut vous surprendre je le sais alors que ça devrait être à elle que je devrais parler, dis-je en parlant de Céline. Mais il faut que je vous parle de quelque chose d'important et ce quelque chose ne vous concerne que vous, pour le moment. Comment lui dire ? Par quel bout commencer ?

Tout a commencé il y a des années... A vrai dire, je connais bien votre père Fernand, je suis originaire d'Italie mais j'ai bien connu votre père avant de retourner dans mon pays. J'ai vécu pas mal de temps ici à la fin des années 70 et dans les années 80. C'est là que j'ai connu votre père. Nous avons été plus que des amis... Et disons que notre différence de milieu social n'a pas plus à ma famille, j'ai été contraint de couper les ponts. Enfin ce que j'essaie de vous expliquer c'est que votre père et moi, avons vécu une belle histoire d'amour et contre vents et marées, ma famille n'a pas réussi à nous séparer. Notre histoire a commencé en 1975, et je sais que votre père a eu une fille en 1978. Dis-je, sans annoncer pour l'instant que j'ai été mariée avec son père. Je veux aller en douceur, surtout que là, elle risque de croire que son père a eu une maîtresse et j'ignore ce que Fernand a pu lui dire à mon sujet, s'il a parlé du début de notre histoire, de l'opposition de ma famille concernant notre union. Elle sait peut-être déjà tout ça et dans ce cas-là, elle risque de comprendre d'elle-même qui je suis mais si Fernand est resté très évasif, il n'y a aucune chance.

Virginie secoua la tête, faisant comprendre a son interlocutrice que le moment était pas si mal choisit que ça... Après tout le prénom du bébé pouvait attendre et, il semblerait que cette femme ait quelque chose d'important a lui dire. Autant passer une priorité avant l'autre. Céline était enceinte que de quelques mois a peine. Il y avait le temps d'y penser, même si Virginie savait que le prénom du bébé allait être plus compliqué que prévu vu qu'elles avaient des goûts très différents.

Le fait de savoir que cette femme était avec Charles Frémont la mit encore plus sur ses gardes, bien que dans le fond elle la plaignait plus qu'autre chose. Mais, visiblement leur "idylle" n'avait pas duré. Virginie décida de ne pas s'éterniser sur ce point, imaginer Charles Frémont avec une femme avait quelque chose de sur réaliste.

La femme semblait s'étendre sur des détails et Virginie avait bien du mal a comprendre ou elle voulait en venir. Parler de Charles puis de Fernand, du présent puis des années 70? Quel était le lien avec tout ça? Imaginer son père avec une femme était légèrement difficile pour Virginie. En fait, c'était tout comme l'imaginer avec Charles. Cette femme avait l'air très sympathique, que faisait elle avec un homme crapuleux comme Frémont?

Oui, fini par dire Virginie peu sûr de savoir quoi répondre a ça. Cette fille née en 78, c'est bien moi... Mais je ne vois pas exactement le rapport entre mon père et Charles Frémont.

Son récit un peu décousus, la fait légèrement froncer des sourcils, parce qu'elle pense bien que cette femme était avec son père avant sa mère. Du moins, d'après ce qu'elle raconte. Mais la raison de sa venue reste quand même assez flou dans son esprit.

En fait, je ne vois absolument pas ou vous voulez en venir, pour etre plus précise... Rajouta elle pour lui faire comprendre qu'elle était légèrement perdue. Si cette femme devait lui annoncer quelque chose d'important, alors il semblerait qu'elle se soit perdue entre son explication et la raison de sa venue. Elle était loin de se douter que sa question compliquait la tache.

Plus ça va plus je réalise que ça ne va pas être simple et je comprendrais qu'elle explose une fois que je lui aurais dit qui je suis... mais je ne peux plus reculer et je dois aller au bout. Il faut qu'elle sache... et aussi pour Roméo, il est peut-être déjà trop tard d'ailleurs. J'espère juste que l'une des deux n'est pas déjà enceinte, ce n'est pas pensable que Roméo soit le père du bébé... surtout si c'est Virginie qui portera l'enfant car là-dessus j'en ai aucune idée.

Je peux comprendre que vous soyez perdue Virginie mais c'est vrai, je ne vous ai pas dit qui j'étais. C'est justement ce que je dois vous annoncer mais ce n'est pas simple pour moi, vraiment...... après toutes ces années, tu vas apprendre la vérité et j'en suis désolée...

Virginie, cette photo, personne ne me l'a donné... Je l'ai toujours eu en ma possession, regardez bien cette femme, ne remarquez-vous pas quelque chose ? Enfin, ce que je veux vous dire n'est pas simple pour moi... dis-je laissant l'angoisse et l'émotion m'envahir. Je tremble de peur à l'idée de dire à ma fille que je suis vivante. Votre père, Virginie, n'a épousé qu'une seule femme et c'est moi. C'est ce que j'essaie de vous expliquer... Je crois qu'il est temps que je lui dise maintenant. Virginie, c'est moi qui vous ait mis au monde, c'est moi Virginie, c'est moi Abigaël...

Les mots sont sortis, je ne sais pas où me mettre, comment elle va réagir, exprimer sa colère probablement ce que je peux comprendre mais il faut que je lui raconte toute l'histoire mais chaque chose en son temps.

Virginie fixe la femme face a elle, la colère commence a bouillir dans ses veines. Virginie sait la vérité sur sa mère et cette femme ment pour elle ne sait quelle raison.

Écoutez, je ne sais pas qui vous a dit de venir faire cette blague de très mauvais goût, mais vous pouvez retourner de la ou vous venez. Tenta t elle de dire le plus calmement possible.

Bien entendu, la colère dans sa voix était palpable et l'autre femme devait probablement le ressentir. Virginie voyait bien que l'autre femme semblait fébrile et en tant normal elle aurait peut etre donné un peu plus de crédit a son histoire... Mais, déjà la grossesse de Céline lui faisait remonter des souvenirs a la surface... Alors si cette femme s'amusait en plus a jouer a ce genre de jeux la, Virginie ne donnait pas cher de sa peau.

La mort de sa mère avait été une véritable épreuve pour Virginie. Elle avait surmonté ça seule, puisque Fernand était tout autant abattu. Certes, ils s'étaient épaulés a cette époque, mais Virginie avait souvenir de vouloir jouer les petites filles forte pour ne pas accabler son père. Elle ne lui posait plus de question sur elle, elle gardait bien précieusement les souvenirs loin des yeux de son père. Pour l'épargner. Pour lui éviter de le voir sombrer a nouveau dans la tristesse et la nostalgie.

Alors, le retour de sa mère d'entre les morts était quelque chose que Virginie ne pouvait pas imaginer. Sa mère était morte et elle s'était construite ainsi. Son père avait été son seul repère, avant la pré adolescence. Puis, son cercle s'était agrandit, ses amis étaient devenus sa famille... Et elle avait aussi du gérer son homosexualité assez vite. Bref, la vie avait repris son court et Virginie avait réussit a se construire autour de cette absence.

Partez! Dit elle, les yeux humide de tous ces souvenirs douloureux qui remontaient peut a peut a la surface. PARTEZ! Cria t elle en attrapant vigoureusement le bras de la femme qui n'avait pas bouger.

Bien entendu, les cris finiraient pas alerter Céline, mais Virginie oubliait tout le reste. Tout ce qu'elle voyait, son seul but, c'était que cette femme était toujours la et qu'il fallait qu'elle s'en aille.

Je savais que la réaction de Virginie serait violente mais là c'est encore pire de ce que je pensais. Elle refuse de croire que je suis sa mère mais c'est normal, c'est tellement surréaliste. A sa place, je penserais évidemment la même chose, comment réussir à prouver que je suis bien Abigaël ? J'essaie d'aller au plus profond de mes souvenirs et les années ont passé depuis...

Elle m'oppresse pour que je déguerpisse mais je ne peux pas partir alors que je viens de la retrouver pour lui dire la vérité. Elle doit savoir que je suis vivante, et j'aimerais tellement qu'elle me croit. Il faut qu'elle sache toute l'histoire et qu'elle comprenne pourquoi je suis partie. Il faut aussi qu'elle sache que Roméo est son frère... je ne peux pas me défiler même si elle souhaite que je parte... Je me mets à réfléchir et je me souviens de quelque chose dont seule Virginie et moi étions au courant.

A l'âge de ses 6 ans, je lui avais acheté une barbie mais si je me souviens parfaitement de ça, c'est parce que Fernand ne voulait pas qu'on achète ça à notre fille... Je lui avais acheté ça en cachette, en ayant fait promettre à Virginie de ne pas en parler à son père et de jouer discrètement avec dans sa chambre, pour ne pas qu'il la voit... Elle lui avait même donné un prénom, je crois que c'était Prune, ça j'ai un doute sur le coup mais la barbie je m'en rappelle parfaitement... Il y a aussi la boîte à musique que ma grand-mère avait acheté pour moi quand j'étais petite et elle me l'a confié avant de mourir. C'est quelque chose que j'ai confié d'ailleurs à Virginie avant de "disparaître". Même ça Fernand n'était pas au courant. Après tout au moment de mon départ, Fernand et moi n'étions plus rien l'un pour l'autre, alors j'ai donné à ma fille ce que je voulais.

Je ne peux pas partir Virginie... Je.... Je sais que c'est difficile à croire pour vous tellement c'est surréaliste et revenir des morts est quelque chose d'impossible... Evidemment, je vous expliquerai clairement ce qui s'est passé, et je conçois que ça soit un choc pour vous. Qui ne réagirait pas comme vous à votre place ? Je marque une pause pour ne pas la brusquer. Je suis partie des années, vous avez cru que j'étais morte alors que vous n'étiez qu'une enfant, et moi, je reviens des années après dans votre vie alors oui c'est normal que vous ayez dû mal à me croire mais si je vous parle de Prune et de la boîte à musique, qu'est-ce que vous en pensez ? Souvenez-vous aussi de la belle boîte à bijoux que vous aviez confectionné une année à l'école pour la fête des mères ? Notre beau voyage en famille à Disneyland au début des années 90. Tant de choses Virginie que nous avons partagé...  

J'ai alors une dernière chose à rajouter, j'avais toujours appelé Virginie par un petit surnom à la maison et cela nous avait toujours fait rire. Je dois lui en parler, peut-être qu'elle va enfin me croire.

Et vous souvenez-vous du petit surnom que je vous donnais ? "Ma libellule"...

En évoquant ça, j'espère la convaincre que c'est bien moi.

Je ne peux partir mais s'il vous plaît, vous devez me croire, c'est bien moi Virginie... quelle genre de personne je serais pour me faire passer pour votre mère, je serais un monstre et quel intérêt j'aurais à faire ça ? Par vengeance parce que votre beau père m'a quitté ? Non parce que ça, ni vous ni Céline n'y êtes pour quelque chose.

Virginie était sur le point de la tirer violemment dans l'appartement pour se rapprocher de la porte d'entrée et la faire sortir de force, mais... C'était sans compter sur l'autre femme qui, maintenant, se mettait a lui raconter certains détails. Détails qui se trouvaient, pour la plupart, connu uniquement de sa mère et de Virginie.

L'électrochoc était trop fort pour elle. Elle lui lâcha le bras et resta a la fixer complètement perdue et déboussolée. Alors qu'elle restait la, les bras ballant, la femme continua de parler mais Virginie n'écoutait plus rien.
"Ma libellule". Elle n'avait pas entendu ce surnom depuis des années, et c'était visiblement le mot de trop. Sans qu'elle ne puisse les contrôler, les larmes se mirent a couler le long de ses joues.

Elle murmurait en boucle, a présent, de façon presque inaudible des "c'est pas possible". Son monde était littéralement en train de s'écrouler. Tout un pan de sa vie, son histoire, était il basé sur des mensonges?

Elle mit quelques minutes avant de pouvoir réagir a nouveau. Le choc avait été trop brutal, trop soudain. Comment avait elle pu passer d'une après midi tranquille a s'amuser des futurs prénoms de leur futur enfant avec Céline, a ça? Elle avait besoin de quelque chose qui la calmait. Une tête familière ou quelque chose a quoi se raccrocher, qui lui montrait que la vie était quand même plus ou moins la même. Que rien n'avait vraiment changé.

Et, sans le savoir, Céline déboula le visage concerné. Virginie avait presque envie d'aller se blottir dans ses bras, espérant que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve.

Qu'est ce qu'il se passe? Demanda Céline en voyant l'état dans lequel était Virginie. Cette dernière profita du rapprochement de Céline pour venir lui prendre la main, d'instinct. Ce n'était pourtant pas son genre, elle n'était pas de ceux qui avait besoin des autres pour passer au dessus de situations difficile. Virginie avait toujours été quelqu'un de fort, qui n'avait besoin de personne pour avancer.

Mais la, tout de suite, elle avait besoin de contact. Elle avait besoin de ce point d'ancrage. C'est... Commença t elle, essayant de former quelque chose de cohérent dans son esprit embrouillé. C'est... En se mettant a compartimenter, puisque c'était le meilleur moyen d'avancer et de penser correctement. Des questions firent surface. Comment? Pourquoi?

C'est ma mère. Souffla t elle alors que Céline la regardait les yeux écarquillés. Puis, la blonde tourna le regard vers cette femme: Abigael, puisque c'était son nom, et elles restèrent la quelques secondes sans dire un mots.

Comment...? Débuta Virginie cherchant la bonne question. Pourquoi...? Tenta t elle a nouveau. Qu'est ce que...? Trop de questions, pas assez de mots pour les sortir. Abigael allait devoir l'aider.

Si seulement je pouvais effacer tout ce qui s'est passé et revenir des années en arrière... Je crois que Fernand et moi au fond on n'était vraiment pas fait l'un pour l'autre. Je ne peux pas effacer ce que j'ai fait et il va falloir que je r1conte tout à Virginie. Je ne veux pas rejeter l'unique faute sur son père car on a tous les deux des torts mais ma pire chose que j'ai pu faire c'est d'avoir accepté de partir surtout que j'étais enceinte sans savoir vraiment qui était le père du bébé, Fernand ou Henri ? Je n'ai jamais cherché à savoir vraiment même si au fond de moi je sais que Roméo est bien le fils de Fernand. Pour moi ça n'avait aucune importance car c'est mon fils à moi mais pour l'instant ce n'est pas la question
Je suis contente de voir que Virginie peut compter sur le soutien de la femme qu'elle aime c'est donc pas plus mal qu'elle soit là.

Vous pouvez rester mademoiselle... Virginie a besoin de vous et je sais que je vais devoir m'expliquer alors qu'on m'a cru morte pendant des années. Seulement une seule personne sait que j'ai toujours été vivante et c'est votre père Virginie...

Je n'arrive pas à la tutoyer je ne me sens pas de le faire ça me paraît totalement illégitime vu que je l'ai abandonnée.

Comme je vous ai expliqué Fernand et moi n'étions pas du tout du même milieu social. Avant de tomber enceinte nous n'arrivions pas à joindre les deux bouts. Le seul salaire de votre père ne suffisait pas à subvenir à nos besoins alors votre arrivée n'allait pas arranger nos problèmes d'argent. C'est comme ça que je suis devenue serveuse au début de ma grossesse et physiquement c'est devenu très dur.... Je suis redevenue femme au foyer pour raison de santé et pour toi... J'ai démissionné pour me reposer. Vous etes née je me suis occupée de vous puis quand vous etes entrée à l'école cela a été l'occasion pour moi de reprendre ma vie professionnelle. Roland Marci m'a aidé à retrouver un post de serveuse dans un bar dirigé par un certain Henri.... Seulement entre votre éducation, les absences répétées de Fernand qui partait plusieurs fois par semaine en mer, c'est devenu difficile pour moi. Je ne cherche pas à trouver d'excuses j'essaie juste de vous expliquer ce qui s'est passé pour que je parte... En plus d'être mère j'étais une femme, j'avais des envies, et Henri était là... nous étions amis et de son côté c'était plus que ça alors le jour où il m'a avoué m'aimer j'ai fini par craquer et j'ai trompé votre père...

Je m'arrête là pour l'instant le temps de la laisser digérer un peu tout ça surtout qu'elle ne doit pas comprendre le rapport avec le fait que je sois partie et qu'elle m'ait cru morte. Mais je n'ai pas fini mon histoire...

J'ai fait une regrettable erreur mais je me sentais enfin à nouveau désirée et avec Fernand il ne se passait plus rien. Il y en avait que pour son poisson et sa pêche. Il n'a pas été le mari idéal à ce niveau là et avec vous à élever je n'arrivais plus à joindre les deux bouts.

Vous devez penser que votre mère vous a abandonné juste pour une histoire de fesses mais ce n'est pas si simple que ça. Je vais tout vous dire je vous le promets mais je regrette amèrement de vous avoir abandonné Virginie. Ça était la chose la plus difficile que j'ai pu connaître dans la vie. Il ne s'est pas passé un jour sans que je pense à vous.

Aux paroles de l'autre femme, Céline s'approcha de Virginie pour venir passer son bras dans son dos. Virginie se sent physiquement plus épaulée et sans s'en rendre vraiment compte, elle se colle un peu plus a Céline en liant sa main avec cette de la blonde. De sa main droite, elle essuie une larme qui s'est échappée et qui roule le long de sa joue.

Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle lui a demandé des explications parce qu'elle a du mal a écouter attentivement son récit. Les souvenirs viennent en masse lui brouiller le reste de ses sens. Virginie met quelques temps avant de réaliser que son père savait. Elle fronce des sourcils, ne comprenant absolument plus rien a cette histoire. Son père s'était montré abattu et triste, une preuve qu'elle avait cru indiscutable jusqu'ici...

Son esprit, trop avide de comprendre, se focalisa un peu plus sur l'histoire de cette femme. Enfin, ses mots avaient un sens et l'histoire devenait plus compréhensible.

Virginie fronça les sourcils, comment son père avait pu lui mentir? Certes, elle savait que sa famille n'avait jamais roulé sur l'or, que sa mère avait du être employée en tant que serveuse... Mais de la a tout plaquer a cause de ça, elle trouvait l'argumentation un peu grosse.

Et, de nouveau, lorsqu'Abigael lui expliqua qu'elle avait reprit le travail lorsque Virginie était allée a l'école les souvenirs affluaient. Un mélange entre des souvenirs qu'elle avait, des photos qu'elle avait longuement observé a certaines période, des images floues, des souvenirs olfactifs. Tout se mélangeait et créait une sorte de mélange de sons, d'images et d'odeurs complètement aléatoire. Des bras de femmes qui l'enlaçait, la chaleur d'un bisou sur la joue, l'odeur de la mer et des images de courses poursuite sur le sable...

Virginie avait du mal a assimiler que sa mère était bel et bien vivante, face a elle, et lui racontait son histoire. Elle savait que Fernand n'était pas le genre d'homme idéal, un souvenir fugace d'une Virginie de 15 ans lançant a son père sous le coup de la colère "t'as vu l'image de l'homme que tu donnes a ta fille", lui traversa l'esprit. Pas un de ses plus glorieux moment.

Elle pouvait comprendre Abigael sur ce point ce qu'elle ne comprenait pas, par contre, c'était son silence. Pourquoi reprenait elle contact seulement maintenant?

Pourquoi avoir fait semblant de mourir? Demanda t elle, le choc de l'annonce était bien derrière elle. Virginie pouvait de nouveau penser et parler correctement. Pourquoi tout ce cirque d'une maladie soit disant mortelle alors qu'une simple disparition ou même... Un divorce! Lâcha t elle tout en laçant une idée qui lui venait a l'esprit. Vous auriez pu divorcez non? Les gens normaux font ça... Les gens normaux ne traumatisent pas les enfants avec des histoires. La colère commençait a reprendre le dessus, et Céline lui serra la main tentant de la calmer comme elle pouvait.

Si il y a bien une chose qu'elle allait retenir de tout ça, c'était que si Céline avait un bébé, elle ne lui mentirait pas. Elle répondrait a toutes les questions qu'il lui posait, dans la limite de ses possibilités.

Je sais Virginie que tout ceci est incompréhensible pour vous et c'est normal. Je ne me pardonnerai jamais de lavoir abandonné et surtout d’avoir accepté les exigences de Fernand mais comment j'aurais pu après le mal que je lui ai fait...

J'ai conscience d’avoir fait une chose abominable en vous abandonnant mais je vais tout vous dire. Rien de tout ça ne serait arrivé si je n'avais pas trompé Fernand mais ai je commis un crime d’avoir passé un moment avec un autre homme ? Vous savez après avoir ça j'avais honte de moi même si enfin je savais que je pouvais encore plaire mais Fernand ne me donnait plus rien... seulement j'ai fini par lui dire un soir la vérité lors d'une violente dispute... nous n’arrivions plus a communiquer de toute façon. Fernand s'est senti sale et trahi ce que je peux comprendre et il m'a demandé à ce moment là de quitter la maison.. Mais notre fille, vous, était très importante à nos yeux. Comment expliquer à une petite fille une telle situation ? Nous ne pouvions pas briser ses rêves, lui donner le mauvais exemple et j’ai demandé à Fernand de me pardonner c'est ce qu'il a fait enfin essayé. Il a voulu le faire par amour pour vous. Nous avons fini par jouer le couple parfait devant vous mais il n'y avait plus rien entre nous surtout qu'entre temps j'ai appris que... j’etais à nouveau enceinte... dis je pour continuer à expliquer mon histoire. Cela a été très dur à vivre pour moi de voir Fernand jouer les maris exemplaires en votre présence et de subir sa colère et son dégoût une fois seule avec lui… Je ne souhaite à personne de vivre ça. Chaque jour je reprenais espoir que ça nous rapprocherait vraiment mais c’était de pire en pire… et il me faisait payer aussi d’être à nouveau enceinte. Il ne cessait de dire qu’Henri était le père, que mon bébé était un batard.

Fernand n'a jamais cru un instant qu'il était le père de l'enfant. Moi jetais persuadé que c'était lui mais je n’ai jamais cherché à savoir. Vous avez un frère Virginie mais c'est aussi quelque chose dont je dois vous parler.
Jouer le couple parfait a fini par lasser Fernand qui ne supportait plus cette situation et la suite vous la connaissez. Ma chute dans les escaliers quand vous êtes parti en mer avec lui.... et pendant cette sortie en mer j’étais censée trouver une solution pour mettre fin à tout ça. C’est pour ça que j’ai accepté à ce moment-là que tu partes avec lui mais j’ai eu tort, je n’aurais pas fait cette chute sinon.
Il m’est devenu difficile de cacher ma grossesse, je n’avais plus que mes yeux pour pleurer à l’hôpital le temps que je me rétablisse. C’était censé se passer ainsi et je savais qu’il n’y avait plus aucun espoir pour moi et Fernand. Notre séparation était imminente mais Fernand m’a proposé de le repousser quand j’étais à l’hôpital le temps de ma guérison. Quand je suis sortie de l’hôpital, je devais me reposer, j’étais sans cesse clouée au lit, souvenez-vous. En plus de ça il y avait les effets de la grossesse que je ressentais de plus en plus… Seulement à cause de ma cicatrice au genou, j’ai fini par faire une infection et c’est vrai qu’avec votre père, on n’a pas cherché à vous rassurer sur mon état. A Mon 5ème mois de grossesse, les choses se sont gâtées… Fernand m’a proposé de vous faire croire que j’étais morte à cause de mes problèmes de santé. J’étais trop honteuse Virginie, je ne supportais plus tout ça, je voulais que ça finisse, j’ai accepté à contre cœur car j’étais certaine que c’était mieux pour vous et je voulais que Fernand puisse reconstruire sa vie après tout le mal que je lui avais fait et il y avait cet enfant que j’attendais, il fallait que je pense à lui aussi… J’allais me retrouver seule pour l’élever, j’avais besoin de ma famille, de la retrouver alors qu’ils m’avaient tourné le dos et rayé de leur vie… C’est comme ça que le 10 octobre 1986 Fernand vous a annoncé que j’étais partie au paradis… Vous abandonner a été la chose la plus douloureuse que j’ai pu vivre et j’ai pu me reconstruire grâce à cette seconde maternité mais jamais je ne vous ai oublié Virginie…  si seulement votre père et moi avions pu sauver notre mariage…  je n’ai jamais pu revenir après ce que j’ai fait.

Virginie laissa la femme s'expliquer, tandis que la colère vis a vis de son père commençait aussi a gronder. *Comment ça, les "exigences de Fernand"?* Se pouvait il que la disparition de sa mère soit l'idée de son père?! Elle l'avait toujours trouvé un peu bourru et a coté de la plaque, mais pas du genre a faire des histoires a la Charles Frémont!

Virginie pouvait comprendre qu'une femme ait des envies et des besoins, même si elle comprenait aussi qu’être trompé n'était pas agréable. Cela étant, elle ne voyait pas pourquoi ses parents étaient rentré dans une histoire si extrême a simuler la mort de quelqu'un.

De nouveau, elle chercha des preuves dans son passé. Un quelconque détail qui lui aurait permis de savoir si cette femme lui racontait la vérité? Probable, aussi. Après tout, cette femme pouvait bel et bien lui mentir sur la raison de cette "mort". Il ne restait qu'a confronté Fernand, d'ailleurs, Virginie aurait bien voulu qu'il débarque a l'improviste maintenant... Comme il savait si bien le faire généralement.

L'image d'un dîner tendu lui revint a l'esprit. Un dîner peut avant l'entrée de sa mère a l’hôpital. Les enfants sentent ces genre de chose, dit on... Peut être que Virginie l'avait ressenti a cet instant mais qu'elle n'avait pas voulu faire plus de liens. Après tout, les parents ont aussi des sentiments et peuvent perdre leur sang froid avec leur conjoint et... Eh bien, être distant l'un envers l'autre...

Virginie assimilait a présent qu'elle avait un frère quelque part sur cette terre. *Une information a la fois* se dit elle. Je ne comprends pas pourquoi mon père m'a dit que vous étiez morte. Pourquoi avoir inventé toute cette histoire au lieu de me dire la vérité? J'étais peut être jeune, mais j'aurais compris que vous ne vous aimiez plus. Et puis, si jamais il avait obtenu la garde totale nous aurions quand même pu garder contact par téléphone ou par lettre. La colère commençait a refaire surface. Mais vous avez préféré inventer cette histoire de toute pièce pour vous éviter toutes ces explications ou... Peut être que ça vous arrangeait dans le fond. Elle marqua une courte pause et haussa le ton.[/i]Avez vous une idée de ce que j'ai pu ressentir?!

Céline tente a nouveau de me calmer par une nouvelle pression contre son flanc, mais c'est bien trop tard.

Pourquoi l'avoir annoncé seulement maintenant? Tente elle de tempérer d'une voix bein plus calme que la mienne.

Je peux comprendre Virginie, j'aurais réagi de la même façon si j'avais été à sa place... comment pourrais-je lui en vouloir ? Je sais bien que mon histoire ne tient pas debout mais c'est la vérité.

Je sais Virginie que mon histoire est incompréhensible mais c'est bel et bien la vérité. Je vous l'ai dit, je ne supportais plus ce que Fernand ressentait à mon égard, cette situation devenait insupportable, j'ai dû me résoudre à faire ce qu'il voulait pour cesser toute cette amertume et cette colère... croyez-moi, si j'avais pu trouver une autre solution, je l'aurais fait... J'étais à bout Virginie... Je n'étais plus moi-même, je ne savais plus ce que je faisais, c'est comme si Fernand m'avait mis un couteau sous la gorge pour m'obliger à inventer cette abominable histoire. Fernand m'a totalement manipulé, je sais que nous aurions pu vous dire la vérité mais c'était impossible vu la haine et le dégoût que votre père ressentait pour moi et cet nouvel enfant que j'attendais... n'a rien arrangé à l'histoire. Fernand ne voulait absolument pas que je continue à vous voir et en aucun cas ce mensonge m'arrangeait. Je ne peux vous laisser dire ça, vous abandonner, a été la chose la plus difficile, j'ai pleuré pendant des heures, des semaines, des années... sans ce nouvel enfant, je n'aurais jamais pu me reconstruire et jamais je ne vous ai oublié Virginie.

Je ne sais plus quoi dire ni quoi faire pour me justifier, je sais que je n'aurais pas dû céder à Fernand mais je n'ai pas eu le choix, et je n'avais plus la force de me battre.

Je n'avais plus aucune force pour m'opposer à votre père, Virginie. Fernand m'a obligé à faire une chose dégueulasse... et je comprends que ça soit très difficile pour vous, je n'ose imaginer la douleur que vous avez pu ressentir quand Fernand vous a annoncé que votre mère était au paradis. Je ne peux pas vous laisser dire que ça m'arrangeait, c'est archi faux, dis-je en criant et en pleurant.
J'aurais préféré mourir, que de devoir faire ça Virginie, vous devez me croire.
Je lui laisse quelques instants pour digérer ces nouvelles paroles, je dois répondre à Céline qui m'a demandé pourquoi je suis venue que maintenant dire la vérité et là ça risque de devenir encore plus difficile.
Je dois justement vous parler de ça parce que ce n'est pas non plus facile... je dois justement vous parler de mon fils... de votre demi-frère. Il a découvert votre existence mais si je ne suis pas venue avant vous dire la vérité, c'est parce que j'ai eu peur, j'ai estimé ne pas avoir le droit de venir bouleverser votre vie... Je n'avais pas le droit Virginie.... de revenir comme ça mais seulement il y a un problème... J'ai pensé qu'il y aurait un problème de moralité... J'ai découvert qui est votre donneur Virginie, et je ne pouvais plus me taire. J'avais envie de revenir et quand j'ai appris cette histoire de donneur, j'ai su que c'était le bon moment... Virginie, votre donneur, c'est mon fils, c'est Roméo, c'est ton frère...

Virginie était totalement sous le choc. Beaucoup trop d'informations en si peu de temps. Elle recula, comme si elle s'était prit plusieurs coups de poings dans le ventre. Son cerveau carburait a mille a l'heure et elle tentait de fusionner ses souvenirs avec les informations de cette femme. Non. De sa mère.

Avec tout ça, il était difficile de ne plus la croire. Virginie s'installa sur la chaise la plus proche et s'avachi dessus. Trop. C'en était trop. Elle voulait s'énerver de leur comportement, de ces histoires abracadabrantes que ses parents avaient inventés… Mais elle n'avait même plus la force. Pourquoi? Tout simplement parce que cette dernière nouvelle était la goutte d'eau. Céline était enceinte de son frère. Et il était impossible de faire machine arrière a présent. Son fils serait en même temps son neveux et son cerveau avait bien du mal a imaginer l'arbre généalogique de leurs famille.

C'est pas possible, souffla t elle en mantra. Elle était en train de rêver. Non, ce n'était pas un rêve, c'était un véritable cauchemars.

Partez. Siffla Céline que Virginie entendait a peine tant elle était dans ses pensée. PARTEZ! Hurla Céline en voyant que la femme n'avait pas bougé. Virginie releva le regard vers sa compagne et vit sa mère sursauter. La femme s'excusa pour la énième fois et sorti aussi vite qu'elle était arrivée.

Céline s'approcha de Virginie, l'enlaça sans un mots. De toute façon, que pouvait elle dire? Virginie de son coté se laissa aller dans les bras de sa compagne, s'agrippant a elle comme une moule a son rocher. Elle se mit a pleurer a gros sanglots Céline de son coté lui caressant les cheveux et lui murmurait des paroles apaisantes.




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